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[RP] Une Etincelle, pour dans les ténèbres les lier

Eilinn_melani
[Dijon, au petit matin]

Le coche aux armes des Volpilhat entra dans la capitale bourguignonne au petit matin. Au douanier furent déclarées les nobles identités des occupants du carrosse et la réponse fut sans ambages : l'obtention d'un laisser-passer pour rester dans la cité était obligatoire.

Dans la matinée, la liste des arrivants à Dijon tomba, hasard ou non, entre les mains du Duc de Bourgogne. Quelle avait été la réaction du duc en lisant un des noms de cette liste ? Nul ne le saurait dire, mais la réponse avait été immédiate : un laisser-passer pour une durée indéterminée fut promulguée pour les nouveaux arrivants.

Dans l'auberge ou Eilinn Melani, sa pupille Alice, Jehanne Elissa de Volpilhat, Miguael-Enguerrand de la Louveterie, et leur suite s'étaient installés, un commis vint amener la bonne nouvelle sur les coups de midi. Plus d'inquiétude à se faire pour les prochaines semaines.

Néanmoins la question fut soulevée : pourquoi cette faveur ?

La réponse d'Eilinn fut sibylline.


Il me devait un service.

La jeune fille s'excusa, et alla rédiger une missive pour le Duc de Bourgogne.

Citation:
A Sa Grasce Eusaias de Blanc-Combaz,
Étincelantes salutations.

J'imagine que c'est en souvenir d'une rencontre dans une chapelle d'Alençon que je dois cet inattendu laisser-passer.
Je vous en remercie donc, en mon nom et celui de mes compagnons de voyage, et considère donc que votre dette est désormais effacée.

Rédigé à Dijon, le 19 Mars 1459

Eilinn Melani
Vicomtesse d'Avize


Un commis fut payé pour apporter la missive au palais des ducs de Bourgogne.
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Eusaias
Une fois de plus, le poids servant d’arme à la quintaine vint caresser le dos du Duc. Une petite troupe de pique-assiette, des bourgeois zélés qui servaient surtout à financer les dépenses ducales, applaudirent. Des « bravo monsieur le duc » ou encore « Sa grâce est redoutable au combat » s’élevèrent du groupe de spectateur. La mine du balbuzard se fit plus sombre et d’un coup de rennes il fit faire volte face à sa monture caparaçonnée d’azur.

Vos gueules les corbeaux ! Si vous aviez quelconque utilité jusque là, dites vous bien que s’en est fini avec moi !

Tirant les lanières de cuir vers le bas il tentait de contenir le fougueux destrier.

Allez ! Dispersez-vous oiseaux de mauvaise augure !

Et d’un geste rageur du menton il leur désigna la sortie de la lice aménagée. Ce fut à ce moment qu’il aperçut son écorcheur Hector accompagné d’un valet rentrer sur le sable. Le colosse s’arrêta non loin du Duc et porta son attention sur la quintaine alors que le valet, après moult révérences tendit la lettre de la jeune vicomtesse d’Avize. Il ne fallut guère de temps que bourguignon pour la décacheter et la lire.

Bien ! Ecoute-moi bien ! Tu vas retourner chercher la jeunette vicomtesse et leur dire que le Duc de Bourgogne les convie au souper. Faire leur rassembler les affaires, ma vassale Jehanne Elissa ne dormira pas dans un hôtel, alors que le Palais est assez grand pour l’accueillir. N’oublie surtout pas ! Je le veux et l’ordonne, car tel est mon bon plaisir et attends toi au fouet si jamais d’un refus de leur part tu me fais écho.

Un souper alors que la quintaine est encore intacte ? Vous vous ramollissez baron. Osa l’écorcheur.

Sans doute sentant le risque de tempête sur le palais ducal, le jeune valet pris jambes à son coup afin de rejoindre l’hôtel qui hébergeait les jeunes nobles. Le Balbuzard regarda de biais son écorcheur.

Duc… Bordel je suis duc et ta quintaine de m*rde je vais en faire du petit bois.

Il s’élança sans attendre sur la quintaine, mais cette fois la lance fut lâchée à mi-parcours pour être remplacée par Victoria. A trois reprises l’épée mordit le mannequin de bois le sectionnant à divers endroits.

Voilà ! Hector, va donc faire préparer mon bain et avertir qu’on a des convives !
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Jehanne_elissa
Tu sais qu’à ce qu’il parait le Duc mange un nouveau-né tous les matins ?
Ah bon ? Hier j’ai entendu qu’il dormait avec des vieilles femmes tous les soirs.
Ah ça non, ‘parait qu’il dort avec les plus belles Bourguignonnes. C’est bizarre car j’ai aussi entendu dire qu’il en avait qu’une…
Qu’une quoi ? Bourguignonne ? Allons y’en a plus d’une avec la croupe haute !
Mais non, qu’une… Qu’une ! Tu vois pas c’que je veux dire ? Les hommes de pouvoir ont a c’qu’il qu’une seule… Et s’ils prennent le pouvoir c’est pour affirmer la virilité qu’ils n’ont pas car ils en ont qu’une précieu…


Des grosses mains viennent boucher ses oreilles tandis qu’elle entend à mots couverts l’ordre de fermer les fenêtres. Surprise elle tourne le regard vers Martha et tente d’enlever les mains de batteleurs de ses oreilles mais bien évidemment, sans succès jusqu’à ce que plus aucun bruit de la rue ne puisse parvenir jusqu’à la chambre de la Vicomtesse. Une fois le calme revenu elle se retourne, ingénue, vers la grosse Martha.

- « De quoi parlaient-ils ? Et pourquoi avez-vous fermé ? Je trouve ça divertissant ces rumeurs sur le Duc, elles sont toutes si drôles et farfelues… D’autant que celle-ci semblait toute nouvelle ! Il faut que je me tienne au courant.
- Une jeune femme ne doit pas entendre de telles choses Vescomtessa. Elle ne doit non plus écouter les ivrognes dans les rues d'une capitale qu'elle ne connaît pas. Un Duc, ça se respecte.
- « Mais je le respecte !

Sans un mot la grosse Martha continua de peigner ses cheveux avec un visage fermé ce qui signifiait la fin de la discussion. Un soupir. Pourquoi ne pouvait-elle savoir ? Bien évidemment qu’elle respectait le Duc il leur avait autorisé de rester en la capitale pour une durée illimitée… D’ailleurs quelle surprise ! Lorsqu’elle avait reçu la lettre leur demandant un laisser passer elle était allée voir Eilinn un tantinet paniquée et s’était attendue à voir son amie dans le même état qu’elle : c’était une demande qui n’avait pas été prévue. Mais pour son plus grand étonnement son amie s’était révélée d’un calme olympien et dans la journée elles avaient reçu cette nouvelle missive qui leur accordait tous les droits ou presque. Son amie avait le bras sacrément plus long qu’elle ne le pensait…

Les dernières touches de sa préparation faites, c'est-à-dire l’essence de pomme cannelle posée derrière ses oreilles, sur son cou et sur ses poignets la jeune Goupil se leva et défroissa les plis imaginaires de la robe d’un vert éclatant qu’elle portait ce jour. Après une si longue route elle avait demandé la matinée pour reprendre forme humaine c'est-à-dire se plonger dans l’eau, démêler ses cheveux, sentir moins mauvais et se reposa pour retrouver un teint frais. Et au fond elle avait peut-être eu plus de nez que prévu car dans la journée était arrivé un homme du Duc leur annonçant qu’Eilinn et elles étaient invitées à dîner au palais des Ducs mais aussi y loger. Là aussi sa surprise n’avait pas été moindre, son regard s’était alors posé, inquisiteur, sur Eilinn pour essayer de deviner un commerce particulier, une amitié qui lui était inconnue entre ce Duc tant décrié et elle… Avant de se souvenir, pleine de remords.

Oh non Eilinn n’avait aucune relation douteuse avec le Duc non, ils partageaient tous, lui, elles et quelques autres avec une atroce simplicité un tout aussi atroce souvenir. Ca commence par « Mort » et ça fini par « de l’Etincelle ». L’odeur qui lui avait collé au nez pendant une semaine lui revint alors à l’esprit ainsi que la sensation du sang dans sa chausse. Puis l’horreur de la scène, puis la vision d’Eilinn improvisant une messe macabre et enfin, la douloureuse sensation du mensonge mêlée de tristesse lorsqu’on lui évoquait maintenant la ville de Florence. Comment n’avait-elle pas pu comprendre dès le début ? Car une fois de plus elle avait évolué dans son monde à elle, ce joli monde peuplé de gens gentils et heureux, loin de toute réalité. Depuis son arrivée en Bourgogne, comme libérée du carcan Languedocien, elle gazouillait à nouveau et le drôle de lien entre Aléanore et le Duc Eusaias lui était sorti de l’esprit… Mais que préférerait l’Etincelle : quelle se morfonde ou qu’elle s’amuse ? Qu’elle s’amuse pensa t-elle avant de se demander quel crédit porter à l’avis d’une menteuse puis avant de regretter cette dernière pensée. Pourquoi ne pas leur avoir simplement dit ? Elle secoue la tête de gauche à droite et esquisse un sourire forcé : il n’était pas temps d’essayer d’avoir un avis clair sur le sujet, ça faisait des mois qu’elle s’y essayait et des mois qu’elle n’y parvenait.

D’un pas calme elle descend de sa chambre qui ne sera plus sienne la nuit même pour retrouver Eilinn en bas dans la salle commune ou elles s’étaient données rendez-vous avec leurs comparses. Un regard vers l’extérieur lui signifia que le coche censé les amener au palais des Ducs était là. Redevenue d’humeur printanière elle prend place à une table pour attendre son amie qui ne devrait tarder. Le regard se pose alors sur le bois éculé faisant office de table ou nombre de choses certainement très intéressantes sont inscrites… Le nez se fronce en même temps que les sourcils et elle relève la tête après plusieurs minutes de réflexion apparemment très très trèèèès profondes.


- « Martha, que veut dire « bandeler » en oïl ? »


Edit : tête en l'air...

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Alice_liddell
"Un duc, un duc, on va voir un duc..."

Et ça chantonnait. Et ça sautillait partout dans la chambre. Et ça échappait à la gouvernante qui voulait lui faire prendre un bain pour la rendre présentable. En même temps, c'était la première qu'elle allait voir une personne comme ça. Pour une gamine même pas noble, et qui plus est abandonnée à la naissance, la chance de voir un jour ne serait-ce qu'un baron était ridicule, pour ne pas dire inexistante. Ça lui avait toujours semblait comme des espèce de dieux intouchable les gens comme ça (d'ailleurs, le roi, c'était encore un peu le cas). Et là, y en avait un qui l'invitait à souper et même loger chez lui ! Il y avait donc une petite chose blanche avait deux rubis qui s'agitait partout dans l'étroite chambre qu'elles occupaient temporairement dans l'auberge.

"Un duc, un duc, dans son palais..."

Ah bah oui. Pour une petite fille élevé dans un cachot, n'importe quel château lui semblait être un palais. Et là en plus, ça allait être un palais ducal ! Elle était sûr que ça allait être un bâtiment magnifique avec plein de fenêtre, des portes en or et tout et tout. Ben oui, c'était quand même un duc qui habitait, fallait bien quelque chose à sa hauteur. Vous feriez habiter un quasi-dieu dans une chaumière, vous ?

Enfin, voilà. Un peu trop d'excitation, ça donne d'une petite fille adorable une sorte d'être qui est capable de taper sur les nerfs de n'importe qui en un temps incroyablement. Eilinn semblait même être trop lasse pour réagir, laissant la gouvernante faire tout le travail pour rattraper, baigner, coiffer et habiller la gamine. La première tache semblait déjà mission impossible. La gamine était un vrai singe, et une fois partie il était difficile de l'arrêter. Elle se glissait sous les bras, se faufilait dans les coins, voir glisser sous le lit, sans jamais cesser sa chantonade agaçante.


"Un duc, un duc..."

Pour des raisons de décence, et afin de ne pas choquer le jeune public, nous passerons sous silence les commentaires que faisait la gouvernante en réponse à ces paroles (et puis, elle, elle manque de respect au narrateur si elle veut, mais jamais votre humble narratrice n'osera le faire. Ça ne se fait pas !). Finalement, au prix d'une contorsion qui lui valu par la suite trois jours d'alitement, elle parvint à attraper le bras de la gamine. Permettez-moi d'exercer à nouveau mon droit de censure afin de vous livrer une version édulcorée de ses paroles :

"Mademoiselle, veuillez excuser mes actions, mais il me semble préférable que vous soyez mise de manière correcte pour vous présenter devant Sa Seigneurie le Duc."

Hum hum...

On avait édulcorée pas totalement dénaturée et sans aucun sens !

...

Nous avons viré le mec qui faisait les versions, veuillez nous excuser de ce contre-temps. Pour nous faire pardonnez, la versions en vers des paroles :


"Damoiselle, je vous en prie, veuillez
Sans plus attendre vous baigner
Ainsi que de vous revêtir
De cette belle robe bleutée
Car bientôt vous devrez
Devant le duc vous tenir."

Hum hum...

Nous avons viré le mec qui avait viré le mec qui faisait les versions. Veuillez une nouvelle fois nous excuser de ce contre temps. Reprenons le cours de notre récit.

Nous jèterons un voile pudique sur tout les détails concernant le déshabillage, le bain, ainsi que le rhabillage et, pour des raisons de commodité, le coiffage de l'insupportable gamine. Nous nous contenterons d'aimablement faire remarquer à l'honorable vicomtesse d'Avize qu'un homme pas content du tout demande à ce qu'on lui rembourse son plancher détrempé. Avec des intérêts pour le mur.

Et nous nous retrouvons donc avec une gamine qui descend les escalier en sautillant afin de rejoindre Jehanne et Miguael dans la salle commune pour se rendre chez le duc, suivit de près d'une gouvernant qui se retient du mieux qu'elle peut de prier pour qu'elle rate une marche, et enfin d'une Eilinn exténuée. En bref, une belle petite troupe prête à aller souper.
Eilinn_melani
Eilinn, pour être cistercienne, disposait d'une patience exemplaire, même envers certains qui ne le méritaient pas. Mais Alice ne faisant pas partie de cette dernière catégorie, ainsi la vicomtesse était-elle restée d'un calme olympien pendant que Narcisse s'échinait à faire de la gamine un truc présentable. La vicomtesse terminait elle de remplir les malles, nul doute que ce serait extrêmement plaisant de loger au palais des Ducs de Bourgogne, et Eilinn s'imaginait déjà le luxe que cela devait être, même si ce n'était pas le Louvre. Nul doute qu'elle dormirait bien mieux là bas que dans les lits de l'auberge, bien peu confortables et qui rendaient ses nuits cahotiques, sans compter les réveils nocturnes made in Jehanne Elissa pour parler de la vie.

Un valet payé grassement pour jouer les transporteurs de malles commença à amener les malles dans le coche qui les amènerait au palais, tandis qu'Eilinn, Alice et Narcisse rejoignaient Jehanne en bas. Edwards lui restait dans l'ombre, continuant à veiller sur la sécurité de la troupe, et de sa maitresse en particulier.


J'espère que Miguael sera vite prêt ! J'ai hâte !

La grosse Martha semblait empêtrée elle dans une explication confuse avec son amie, mais rien ne pouvait entacher l'enthousiasme d'Eilinn. Même si cette nouvelle rencontre avec le baron de Digoine serait surement... étrange.
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Miguael_enguerrand
J'espère que Miguael sera vite prêt ! J'ai hâte !

Mais qu'elles étaient pressées ces jeunes filles ! Non Miguael n'était pas tout à fait prêt, oui il avait encore besoin de 30 secondes pour ramasser toutes ses affaires.
Ce n'était pourtant pas ainsi qu'il réagissait réellement. Bien qu'il n'avait pas encore retrouvé son sourire et son entrain, il était apaisé, calmé, moins susceptible à tout ce qui aurait pu lui faire penser à son défunt paternel. Et là, partir au palais des Ducs de Bourgogne en était un exemple en puissance. Son père qui avait été Duc de cette même Bourgogne et ce palais dans lequel il avait vécu deux mois lorsque sa sœur en était la Duchesse et dont il connaissait presque tous les recoins.
Pourtant, ce nouveau Duc ne lui inspirait aucune confiance, non seulement parce que son père ne l'aimait pas, mais aussi parce qu'il avait une réputation d'éternel pêcheur et de bien piètre aristotélicien. Ce que Miguaël portait comme une tare indéniable de part son éducation, lui qui priait plusieurs fois par jour et qui avait été (endoctriné) élevé dans la foi.

Ainsi donc, apprêté dans de petits habits noirs, car oui, d'une part il était petit et d'autre part il portait le deuil de son père. Notons que le noir n'était en rien une couleur habituelle pour lui, contrairement à celle que portait son père sans cesse depuis qu'il avait été veuf.
Descendant les marches deux par deux, à la manière d'un enfant qui a peur d'être grondé pour son retard et qui n'aime pas déplaire aux autres, il arriva en moins de trente secondes en bas.


Je suis là Eilinn !
Lança t-il accompagné un petit sourire complice.
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Jehanne_elissa
Des rires avaient fusé à sa question. Etonnée elle s’était retournée pour voir quelques hommes se bidonner en la regardant d’un drôle d’œil. Martha, à côté, lui lancé un regard courroucé. Ben quoiiii ?

- « Je ne sais pas ce que ça veut dire…

Sa tête se baisse et le rose lui monte aux joues comme si elle était coupable d’une terrible faute. Si son oïl s’avérait très bon, pour ne rien cacher depuis son enfance on le lui apprenait, il se limitait aux mots, phrases et usages de politesse, le tout saupoudré d’un accent d’oc ineffaçable. Bandeler devait être un mot d’un dialecte local ou alors c’était un mot grivois. Mais elle veut savoir, elle est en droit de savoir! C’est que ça doit être important si c’est écrit sur une table… Très bien, on ne veut pas lui dire alors elle va deviner ! Jeune Goupil qui entre dans un silence studieux et se penche à nouveau sur les gravures de la table… Si seulement elle pouvait lire les mots d’avant et d’après, en construisant la phrase elle arriverait à comprendre… Le… Lev… Levan, oh tiens, ça parle de l’ancien Roi, donc Levan…

C’est des bruits de pas qui lui font lever la tête et naître un sourire aux lèvres. La jeune Alice vient d’arriver dans la salle commune suivie de près par son amie qui vient s’asseoir à la table en parlant de Miguael. Un autre sourire reléguant la définition de bandeler dans un coin de son cerveau, et les voila parties à se dire que les garçons mettent décidément plus de temps à se préparer que les filles, que peut-être Miguael veut y voir une ancienne et jolie connaissance, et de commencer à fabuler sur le Palais des Ducs et.. Le voila ! On met tout ce beau et jeune monde dans un coche et zou, direction le Palais des Ducs !


[…]

- « J’ai entendu de drôles de choses vous savez et des choses d’adultes apparemment car on n’a pas voulu m’expliquer. Tout d’abord j’ai entendu dire que le Duc « en avait qu’une » et ensuite j’ai lu le mot « bandeler » sans savoir ce que ça veut dire et on n’a pas voulu m’expliquer ! D’après vous il n’a qu’une quoi ?

Les interrogations n’avaient pas été reléguées longtemps : quand Jehanne Elissa a quelque chose en tête ça ne part pas de sitôt. Elle s’était tournée vers le la petite troupe après leur avoir chuchoté ses interrogations. Il ne fallait pas parler trop fort, le Duc allait venir les accueillir d’un moment à l’autre ou un garde allait les mener à ses côtés. Après un court trajet ils avaient décliné leurs identités avant d’être introduits dans une salle ou on leur avait demandé d’attendre l’arrivée imminente du Duc qui les attendait pour le repas. Et bien sur l’attente n’étant pas tellement son for la jeune Goupil s’était sentie obligée de jacasser à nouveau, sur le ton des confidences…

- « Franchement, les adultes sont parfois terriblement injustes. »
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Eusaias
Les valets avaient entamé leur office, les tables étaient dressées dans la grande salle et chaque chandelier, tableaux et autres biblots étaient époussetés et mis en valeur. La force d’un domaine était reconnaissable à deux choses : son armée et au fêtes qu’on y donnait. C’est pourquoi, ce soir serait donné le meilleur repas que pouvait préparer les cuisinières, que les soldats avaient été appelé à la mobilisation dans la cours et sur les murs, en armure briquée. Dans la petite cour étaient dressées « les fleurs de feu » afin que dans leur fracas le ciel s’embrase de mille couleurs.

Une nappe claque non loin des oreilles du duc, toujours observateur, ce que le tira de ses réflexions. D’un index plus proche d’une serre que d’un doigt il pointa une jeune femme.

Toi ! Les chambres sont telles prêtes ?

Oui votre grâce.

Allez réclamer quelques parchemins dans la bibliothèque et déposez les dans la chambre réservée à la vicomtesse Jehanne Elissa. Sans doute que quelques histoires sur nos terres pourraient lui apprendre la Bourgogne. N’oublie pas j’y tiens !

Oui votre grâce.

Il tourna alors le dos à la femme et quitta la pièce. Il devait encore quitter son éternelle cuirasse, se laver et enfiler son pourpoint azur. C’est dans la salle du trône qui attendrait ensuite ses convives, profitant pour connaitre cette petite troupe qui possédait bien des terres en Bourgogne.
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Eilinn_melani
Accueil de Miguael, tandis qu'Eilinn regardait avec interet la tenue du fils de la Louveterie. Non pas pour ce qu'il avait dedans, tss, nous parlons d'Eilinn la frigide allons, mais parce que le port du noble lui était peu familier et qu'elle était intriguée par cette teinte. Elle savait pourtant que le noir était considéré comme couleur de deuil en Bourgogne (on est fashion victim ou on l'est pas), et à part Son Eminence Ingeburge, elle ne connaissait personne qui en portait.

Oh ! Et bien nous sommes prêts à partir je dirais !

[Hop, en voiture Simone !]

La première question de Jehanne Elissa plongèrent Eilinn dans la perplexité, tandis qu'ils patientaient tous au palais des Ducs de Bourgogne.


Et bien, peut-être qu'il n'a qu'une... hum... famille ? Qu'est ce qu'on peut avoir qu'en un exemplaire ? Une tête ? une bouche ? Enfin sans le contexte c'est difficile à expliquer j'imagine... Peut-être qu'il n'a qu'une seule chance d'être Duc ? Enfin non, c'est pas logique ça, il pourrait se faire réelire...

La seconde question laissa Eilinn encore plus sceptique.

Ca veut pas dire qu'on entoure quelqu'un de bandes ?

Cette explication semblait la plus logique, probablement que certains comparaient le Duc de Bourgogne à une momie, sans qu'Eilinn puisse comprendre pourquoi.

Oui, les adultes sont injustes, c'est sur, quand on est jeunes on peut jamais rien faire de ce qu'on veut !


Ils furent ensuite menés à la salle du Trône.
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Cassian_darlezac
[Maman...]

Eh oui c'est déjà le printemps ; peu à peu les arbres commencent à reprendre vie et sous l'impulsion du soleil les bourgeons s'éveillent... Non vraiment, quelle vie absurde que celle des arbres ! A quoi bon vivre si c'est pour dépérir tout les six mois et ressusciter ensuite ? Et pourtant Maman n'était-elle pas comme les arbres, dépérissant peu à peu et retrouvant sa joie de vivre à chaque que lui, 'Cianne ou quelques rares autres personnes étaient dans les parages ? Un arbre qui n'avait guère supporter le dernier hivers. Un de ces arbres trop grand et trop frêle ; si beau, si gracieux, si majestueux, si... fragile. Un simple coup de hache et le blizzard avait soufflé le glas de sa vie. Voilà ce qu'était Maman : un arbre.

C'est peut être pour sa qu'il se refuse d'aller se recueillir sur le gisant de sa tombe, quand bien même il se trouve à Digoine comme aujourd'hui. S'il comprenait que son père puisse trouver réconfort dans cette pâle et froide reproduction de l'étincelle, lui y voyait juste l'allégorie de sa mort, de ce sang qu'il imaginait s'être déversé peu a peu pour la laisser immobile et figée, froide comme la pierre. Certaines personnes ont besoin d'un symbole, d'un lieu sur lequel se raccrocher pour prier leurs morts, un édifice religieux dans la plupart des cas. Le gamin pour ne pas non plus être un païen, se contentait d'y faire d'ordinaires prières, mais s'il voulait invoqué ces disparus c'est dans la nature loin de tout qu'il les retrouvait. Un jour en taverne une gueuse s'était exclamé qu'il était inconcevable de ne pas se rendre dans un lieu saint pour prier. Il lui avait rétorqué que lui ne s'en sentait pas le besoin, ne transportait pas de chapelle portable avec lui, que ses morts il les priait où il le désirait, que le très haut il le gardait avec lui en son cœur et non entre quatre murs. « Blasphème ! », criait-elle ; « Ferme la, rombière ! », répliquait-il. Il avait alors fuit sans plus se poser de questions sur la légitimité de ses actes.

Surmontant les épreuves qui parcouraient sa route le gamin continuait donc peu à peu de grandir. Et c'est bien ça qui lui foutait les boules. Avec l'age arrivait les responsabilités. Jusqu'à présent et ce depuis qu'il les avait rencontré, c'est Marie Alice et Papa qui menait le coche lui indiquant le chemin à prendre. Éternel statue, tour inébranlable, ils lui avaient montré la marche à suivre, et à peu d'écarts près, il les avait suivi. A la mort de ses parents, Marie l'avait sorti de sa torpeur, puis Papa avait pris le relais. Et depuis à chaque coup dur il se réfugiait un peu plus derrière lui, copiant ses actes, ses paroles, trouvant réconfort derrière les murailles de son immaturité, faisant tout pour ne pas être pris au sérieux. Et aujourd'hui à l'aube de ses quatorze il retardait au maximum le jour où il devrait passé ce cap. Combien d'enfant rêveraient pourtant d'être nés un jour inconnu ? Combien seraient-ils à apprécier l'idée de pouvoir choisir eux même leur date d'anniversaire ? Et surtout combien se hâteraient-ils d'annoncer leur majorité au lendemain de la nouvelle année ? Lui ne faisait pas parti de ceux là, il appréhendait l'idée de grandir, de voir l'indulgence paternelle s'éteindre au profit de la déception.

C'est pour conserver cette indulgence qu'il s'était carapaté à Digoine, peu de temps après les élections ducales. Là il n'était guère loin de Dijon et – quand l'armée ne requerrait pas sa présence – il pouvait se la couler-douce. Au moins en ne faisant rien il évitait les bourdes. Il se tenait juste au courant de la santé financière de la baronnie, s'assurait que tout se passait bien, parlait avec leurs gens pour s'attacher leur sympathie, et se contentait enfin de les laisser faire leur travail. Ainsi le petit Duc pouvait-il clamer à tout va qu'il gérait d'une main de maître la baronnie paternelle, soulageant bravement son père qui avait déjà tout un Duché à faire tourner. En somme il se contentait de sauver les apparences. Mais il ne faisait pas que ça, tudieu ! Il pouvait se targuer en sus d'être le secrétaire personnel du Duc ; une bien piètre couverture qui lui avait assuré un laisser passer au sein du conseil ducal, mais n'avait malheureusement trompé personne. Qu'à cela ne tienne il s'emmerdait au conseil de toute façon, et à partir du moment ou les quolibets fusaient d'avantage sur lui et Papa que sur les autres ça devenait bigrement moins drôle.

Et c'est donc après une bonne séance d'apitoiement sur soi-même que l'intrépide loque pu reprendre le cours de sa journée le sourire aux lèvres. Ainsi aujourd'hui écrirait-il une lettre à Ygerne pour conter ses nombreux exploits, narrer ses journées interminables passé à suer pour une Bourgogne bien peu reconnaissante. Ainsi se rendrait-il ensuite à Dijon pour trouver un messager, ainsi beuglerait-il haut et fort :
« Portez cette lettre à Paris mon brave, la reine requiert conseil sur le champs, et elle n'est pas du genre à attendre les trois plombes ! », ainsi lui communiquerait-il l'adresse réelle en privé par la suite. Une journée on ne peut plus banale en somme... Et une fois cela fait ne lui resterait plus qu'à se rendre au palais ducal pour le souper, puisque Papa l'avait fait mander pour y recevoir des invités de marques. La perspective aurait pu être réjouissante si le Duc ne précisait pas ensuite qu'il lui faudrait suivre à la lettre les ordres de "l'autre cul serré" puisqu'il ne recevait pas "n'importe quelles pintades" aujourd'hui.
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Eilinn_melani
[Allez hop, on va pas rester plantés là]

La petite troupe, menée de front par Jehanne Elissa et Eilinn, avait continué à chuchoter sur les adultes, avant de faire un relatif silence. Amenés dans la salle du trône, ou le Balbuzard siégeait, les deux vicomtesses, suivies de Miguael-Enguerrand et d'Alice, qui avait, pour cette dernière, eu le mot d'ordre d'être obéissante vu la délicatesse de l'instant.

A dix pas du trône, les deux vicomtesses dans une synchronisation digne des danseuses s'arrêtèrent et effectuèrent une révérence pour le duc. Avec un accord tacite, ce fut Eilinn Melani, qui prit la parole.


Votre Grasce, c'est un honneur que de se retrouver ici, au sein du Palais des Ducs de Bourgogne. Croyez en nos remerciements sincères.
Permettez-moi de vous présenter mes compagnons de voyage. Voici Jehanne-Elissa de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson, Baronne de Malpertuis ; Miguael-Enguerrand de la Louveterie ; et enfin la jeune Alice, ma pupille.


Eilinn n'avait pas prit peine de désigner qui elle présentait, vu le nombre réduit du groupe. Ce faisant, elle détaillait le duc, pour constater les effets du temps sur lui.
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Alice_liddell
[En suivant Eilinn... Pas toujours en silence]

Et voilà qu'on retrouve Jehanne, et que ça piaille, et que ça discute. Remarquez, c'est pas ce qui dérange beaucoup Alice. Du coup, on fait moins attention à elle. Alors elle en profite pour faire être encore plus excité. Voici qu'à un moment, elle prend le bras d'Eilinn et marche à ses côté, puis soudain elle le lâche pour aller examiner un étal qui lui semble intéressant, duquel elle se désintéresse finalement bien vite pour aller voir un chat. La vicomtesse ne semble même pas remarquer le petit jeux de la gamine, aspirée qu'elle est par la discussion avec son amie. La gouvernante par contre... Elle empêche l'albinos de prendre ce qu'elle trouve jolie sur l'étal (ou bon, par ailleurs. Vous auriez vu ces pommes au miel ! Elle était sûre qu'elle aurait pu en manger des kilos - pour ce qui est de survivre à l'indigestion qui aurait suivie, elle n'y avait pas encore pensé. Mais ça viendrait, pour sûr), elle la tire violemment loin du chat (mais il était jolie pourtant. En plus, il voulait lui donner la patte ! C'est pas sa faute s'il sait pas que ses griffes peuvent être dangereuses. Elle comprend jamais rien cette femme !).

Enfin, résumons tout ça, passons sur les détails, on pourrait en écrire deux tomes, chacun 10 chapitres de 38 pages un tiers en moyenne. Elles arrivent donc après maints problèmes pour la gouvernantes, au château du Duc. Et Eilinn, semble se rappeler de sa présence. Ce à quoi elle réagit en lui disant de se tenir tranquille et d'être obéissante une fois devant le duc. La gamine se renfrogne. Elle peut pas désobéir à la vicomtesse, mais elle avait encore envie de courir partout, ELLE. Pourquoi les grand devaient toujours leurs imposé leurs envies à EUX ? C'est pas juste ! L'air boudeur, elle répondit donc un : « D'accord. » et n'ouvrit plus la bouche. Finit le rire cristallin et le babillage semi-solitaire et incessant qui avait accompagné leurs pas. Juste une gamine qui avait décidé d'être en colère.

Bon, mais quand même devant le Duc, Eilinn lui avait dit quelques trucs à faire. Alors oui, elle avait gardé son air renfrogné. Oui, elle avait la volonté de fare regretter à Eilinn de l'empêcher de s'amuser. Mais quand même, faut pas exagérer, elle a pas envie de se retrouver à nouveau à la rue. Alors devant le Duc, elle va faire ce qu'elle lui a demandé. Dans la chambre, par contre...

Bon, heu, donc... Elle dit son nom... Quoiqu'elle doit faire maintenant déjà ? Heu... Non, l'ordre des couverts, c'est pas utile maintenant. Enfin. Il semble pas quoi. Pas sûr, mais on va dire que non. Euh... Dire son nom ? Ah non, elle l'a déjà fait. Heu... Le regarder avec un sourire ? C'est pas pour les présentation quand il y a d'autres gens autour et que les rangs sont moins important ça ? S'incliner ? Oui, c'est peut-être ça... Ou bien le précédent. Heu... On va mixer les deux pour être sûr.

Et voici donc une gamine qui essaie de s'incliner comme la fait sa tutrice, et fait un grand sourire au Duc en se relevant. Ouais, ça devrait aller comme ça.
Cassian_darlezac
[Dur, dur d'être un p'tit Duc...]

Tout vêtu de noir et d'une austérité à toute épreuve, Estienne de Puy-la-molasse – appelé plus couramment "l'autre cul serré" par le Duc – était l'une des dernières trouvailles paternelles afin ne pas faire de jaloux. Ainsi Griotte devait-elle supporter d'être chaperonnée à longueur de journée tandis que son frère lui se tapait l'obscure "maistre es protocolum", pour se voir enseigner les différentes règles régissant la vie en haute société. En gros il apprenait à être une vraie chochotte de cour, pour son plus grand déplaisir et le plus grand amusement paternel. Mais l'élève était dissipé, qu'à cela ne tienne le Grand Estienne en avait mâté des bien pires.

« Sa trépidante Seignerie sait pourtant très bien qu'il lui faut revoir sa manucure tout les jours s'il ne souhaite pas passer pour un de ces vulgaires gratte-bouses. Aussi va t-il arrêter de faire sa mijaurée pour se rendre enfin présentable. En outre nous lui avions bien spécifié qu'aujourd'hui il porterait tenue aux couleurs de la Bourgogne... »

« C'est le printemps je mets du vert c'est normal, tout le monde fait ça en plus ! Et puis je vais pas mettre votre truc bariolé jaune et bleu, c'est moche ! »

« C'est de son inestimable pourpoint d'or et d'azur aux manches de gueule qu'il veut parler peut être ? Eh bien si, il le mettra, faisait resplendir les couleurs burgondes comme jamais elles n'ont resplendis. Et pour cela il y associera un couvre chef et des braies de gueule également, respectant en bon apprenti la requête nous avions déjà formulé. Doit-on l'aider à se changer, ou n'est-il pas aussi impotent qu'il en a l'air ? »

Une fois de plus la mollasse avait eut raison de la détermination cassianesque. C'est donc prestement, et non sans mauvaise volonté, que le jeune Blanc Combaz s'exécuta. Puis il lui fallu recevoir les dernières recommandations pour le repas. Le Duc n'ayant point d'épouse c'était à son fils de s'assurer qu'à table les invité ne manquassent de rien. Il devait également se rappeler qu'il était : inconcevable que se servir de d'autres doigts pour manger que le pouce et l'index droits, odieux de regarder avec trop d'insistance les prudes jouvencelles présentes, indécent de se servir plus de vin que ce que la raison recommande, d'une impolitesse répugnante de ne point se torcher le museau après chaque bouchée, bref passons-en et des meilleures...

C'est donc une fois prêt qu'il pu se faire annoncer pour rejoindre les autres dans la sale du trône. Il passerait bien entendu par l'entrée ducale, située derrière le trône, afin d'être immédiatement face aux invités déjà présent. A noter que pour une fois le Grand Maistre es Protocolum avait obtenu le droit d'être lui aussi présent pour relever chacun des égarement du fils prodige. Mais maintenant place à l'annonce, voulez vous.


« Votre grâce, Vicomtesses, Damoiselle et noble Damoiseau ; sa Seignerie Cassian d'Arlezac de Blanc Combaz, le fichtrement Resplendissant et foutrement Intrépide Paon et petit Duc de Bourgogne, accompagné de son précepteur, le Grand Estienne de Puy-la-molasse, Grand Maistre es Protocolum et diplômé de la jadis illustre université alsacienne de Montjoie-sur-la-Pompadour. »

Une légère inclinaison de la tête sans mot dire, tel que la molasse lui l'a recommandé et les voilà tout deux qui se place debout à la droite du Duc, dans une posture quasi militaire. Et on ne sourit pas, surtout, on ne sourit pas. A la honte de s'insinuer peu à peu en pensant à l'impression qu'il doit donner face aux invités. C'est sûr en moins de deux ils allaient le cataloguer au rang des chochottes.
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Eusaias
Bien assis dans sur son trône on lui avait annoncé l’arrivée des convives. Bien loin de la bienséance, le balbuzard avait allongé ses jambes sur le côté et son dos reposait dans l’angle que formait la jonction de l’accoudoir et du dossier. Il ne bougea pas d’un pouce quand les vicomtesses furent présentées mais les sourcils froncés pouvaient trahir la surprise en entendant parler de louveterie. Le grincheux Asdrubaelvect aurait un fils ? Il ramena ses jambes afin de se lever. Sans un homme il rejoignit les convives, les yeux épiant chaque détail. Il détacha son regard d‘eux seulement pour voir l’arrivé du fils. Il dut réprime un rire en entendant l’annonce. Le « Paon » devait être peu fier à ce moment et le balbuzard aurait payé chère pour voir la tête d’Aimbaud devant ça. Il offrit un sourire amusé à Cassian avant de se re-concentrer sur ses invités.

Bien. Soyez tous les bienvenus et pardonnez l’invitation un peu brusque. Mais comment pouvais je laisser passer cette chance de revoir certaine personne de valeur. Une de ses mains se posa sur l’épaule de la jeune Eilinn Melani et il y exerça une petite pression pour faire passer le message. Aurai-je pu me priver de la pupille de cette dernière ? Non j’en suis convaincu. Comment pouvais-je passer à côté de la joie que me procurerait le fait qu’une de mes vassales se livre à quelques conversations avec nous.

Tel un oiseau de chasse il tournait alors lentement autour de Jehanne Elissa. Puis il tenta de percer le mystère qui planait encore sur le jeune homme.

Peut être même deux de mes vassaux ? Je ne savais pas que Sombernon possédait héritier male. L’inquisiteur était votre père, jeune Louveterie ?
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Jehanne_elissa
De la salle ou ils avaient attendus ils furent menés à la salle du trône ou le Duc allait les recevoir. Alors la petite troupe s'enfonce dans les dédales que sont les châteaux ducaux, toujours étrangement sinueux et supports d’imagination exceptionnels – quels étaient ces bruits derrière cette porte, pourquoi cette personne au teint terne est-elle si pressée? – permettant à la jeune Goupil de quitter un peu cette interrogation du jour : qu’est-ce qu’en avoir qu’une. Une fois entrés dans la sale du trône le regard de la Vicomtesse se pose immédiatement sur le Duc, avait-il changé de son souvenir ? Assurément il avait toujours la même tête d’oiseau et le temps semblait avoir eu quelques effets sur lui, mais pas flagrants, son visage n’était pas encore un parchemin fripé. Le plus surprenant était sans doute l’assurance qui émanait de cet homme. La dernière fois que ses yeux s’étaient posés sur lui c’était certes brièvement mais l’air de propriétaire à l’aise qu’il respirait et portait l’avait frappée, là il était bien plus qu’un propriétaire à l’aise. Et hop au regard vert de se poser sur le ventre du Duc avant de se pencher dans une révérence : de grâce il n’avait pas pris le ventre des gens trop confortables.

Eilinn les présente alors, on se penche avec grâce, elles se relèvent et la jeune Goupil s’apprête à parler à son tour quand une autre entrée vient lui couper l’herbe sous les pieds. Cassian… Le connaissait-elle ? Les sourcils se froncent un instant en se posant sur le jeune garçon. Peut-être avait-il été des festivités de Cauvisson ? Oh elle n’en sait plus trop rien, l'excitation d'être au Palais des Ducs malmène sa mémoire mais pas assez pour se souvenir vaguement que quelque chose cloche. L’Etincelle lui avait quelque fois parlé d’un garçon turbulent, par d’autres voix elle l’avait entendu raconter vulgaire et prétentieux là il était plus une expression bien réelle de la gêne. Un sourire amusé vient étirer la bouche imparfaite de la jeune Vicomtesse a la fin de la présentation. Si ça c’est pas ce qu’on apelle du foutage de gueule…

Et au Duc de venir vers eux, embaumant l’air de suffisance mélangée à une certaine bienveillance qui vient la rassurer. Quand on a grandit comme Marie Ingals au fin fond du Languedoc à courir après les jolis papillons tout plein de couleur, au pays de candy ou tout est amour et bonheur simple, les gens trop surs d’eux et qui plus est à tête d’oiseau se révèlent assez effrayants. Mais la façon avec laquelle il parle à Eilinn, le geste sur l’épaule de son amie, sont tant de choses sur lesquelles elles se raccroche pour ne pas être prise d’une crise de panique quand le Balbuzard, en bel oiseau de proie, se met à tourner autour d’elle. C’est dans un sourire et avec un accent d’Oc trop prononcé qui signifiait une certaine apéréhension qu’elle prend la parole à son tour.


-« Et nous remercions Votre Grâce d’une telle hospitalité… »

Mais elle s’arrête, l’attention du Duc venant de quitter les jeunes filles pour se poser sur Miguael. Et au cœur de la Vicomtesse de se serrer : bien évidemment, elles auraient du y penser en venant ici, Miguael allait forcément être mis en face de la disparition de son père… Elle qui lui avait proposé des vacances divertissantes et joyeuses pour oublier sa peine le voila qui se faisait remuer le couteau dans la plaie. Dans d’autres circonstances sa petite main serait venue prendre celle de Miguael comme pour le soutenir mais aussi comme pour s’excuser mais on n’était pas dans n’importe qu’elle situation, on était face au Duc donc il faut se tenir… Le regard allant de son ami au Duc, elle attend la suite avec inquiétude. Mais non allons, tout le monde aimait Asdrubael, les condoléances seraient adressées et ensuite il suffirait de se montrer amusante pour distraire à nouveau son ami de ses sombres pensées. Le plis causé par l’inquiétude s’efface peu à peu, au fur et à mesure qu'elle créé sa propre certitude: Asdrubael créait et suscitait un amour universel, c'est tout. Eusaias allait lui aussi partager sa peine et peut-être même lui adresserait-il une prière, et ensuite il y aurait certainement un bon repas et une joyeuse animation.
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