Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Le vent souffle où il veut ...

Isa.

Les jours succèdent aux jours qui s'allongent d'ailleurs, signe de la fin d'un hiver rude et difficile. Si les douleurs et les blessures physiques guérissent lentement, qu'en est-il de celles, plus insidieuses, qui vous déchirent le coeur et l'âme, peuplant chaque nuit d'images insoutenables ? Quand viendra le lever du jour, cette aube qui fera renaître l'espoir et donnera l'envie de se remettre en route ...

L'aube se lève, et le feu brûle toujours, les mains jamais ne se sont arrêtées de l'alimenter et les yeux de le veiller. Autour de celui-ci pourtant, elle est seule, et elle l'attend. Il arrivera un jour où l'autre, elle le sait, il le lui a écrit. Et si les mots lui ont manqués, si les doigts n'ont pu reprendre une plume que récemment, son coeur lui n'a cessé de battre plus rapidement, à la simple pensée de sa présence. Peut-être était-il proche d'ailleurs, de la façon que seul l'amour vrai et intense peu percevoir ...
Arrivera-t-il bientôt ? Et plein de projets comme à son habitude? Bavard et insouciant, ambitieux et souriant, déterminé et fonceur ? Son visage apparaît intact dans ses souvenirs. Lui qui est son seul repère, sa raison d'être, le commencement et la fin ...

Une nouvelle fournée vient de sortir et les effluves des petits pains dorés se répand dans la vaste demeure. Comme chaque jour, la vie reprend son cours, la taverne s'éveille joyeusement des palabres des premiers clients, et pour la première fois, le linge peut être étendu au soleil... Les enfants nourris s'en vont au marché avec Madeleine et Aelia, en pleine tétée, semble interroger de ses grands yeux le visage maternel...


Il sera bientôt là, ma perle ....

Les petites lèvres lachent un instant le mamelon pour esquisser un sourire, avant de reprendre le cours du repas et d'enfin fermer les yeux, apaisée peut-être par ces quelques mots. Une certitude...

Midi déjà. Le temps du repas. Débarbouillage de frimousses et de menottes avant d'installer le petit monde à la table familiale ... au bout de laquelle trône le grand siège ... vide. L'appétit est de moins en moins présent et pour la quatrième fois en deux heures, ses pas la mènent vers le grand porche,entre jusqu'au milieu de la rue. Le soleil tape et l'éblouit, forçant la brune à faire de sa main un pare-soleil. Quelques silhouettes traversent la rue, au loin .... mais une seule d'entre elles retient son attention ...

Quelques pas, incertaine encore. Ne pas se réjouir trop vite.... Quelques pas encore, plus rapides cette fois... se pourrait-il ?... Cette fois elle court, le coeur au triple galop ... plus que quelques toises et ses bras enfin la reçoivent.

Amour !!!... Mon ange ... enfin ....

Les mots se font souffles, puis baisers et étreintes, bras qui entourent cette taille bien trop maigre et attirent le corps vouté. Azurs scrutant le visage aux joues presque creuses, et au regard ... éteint ? Elle n'avait pas imaginé qu'il puisse avoir changé à ce point et déjà l'inquiétude se mêle au bonheur de le retrouver enfin. Alors elle l'enlace et le guide doucement vers leur maison. Elle, si petite, mais aujourd'hui plus que jamais forte pour deux...

_________________
Gorborenne
[.... et toi, tu entends Sa voix....]

As-tu compté les grains de sable sur le bord de la mer ?
As-tu compris les chants des vagues, aux pays des matins clairs ?


Sur les routes de Gascogne, la charrette progresse au rythme lent des sabots, battant la mesure d'un chant aux accents tristes, mais pourtant chargés d'espoirs.....

Assis à sur la banquette, le vieux contre-maitre de la Demeure des Dragons, modeste bâtisse et résidence de la Mesnie du Bois Cendré en la ville de Mimizan même le l'attelage d'une main précises, rassurant le cheval de trait tant par le contact au bout des rênes que sa voix rassurante, alignant les couplets comme la route les lacets.

Bientôt là ville sera en vue, et déjà le Géant assis à ses côtés semble doucement s'éveiller. Non pas qu'il dormait, mais depuis sa sortie des geôles gasconnes, le vieux Dragon semble comme absent, le regard bien loin de cet éclat habitué à l'embraser. Mais quand les premiers toits apparaissent enfin entre les collines, avec comme quelque choses de familier, ses lèvres s'étirent bel et bien en un vague sourire. Le Bois Cendré, oui..... mais sous la cendre le feu couve encore, et bientôt sans doute, rejaillira en reflets rouge et or....


Il est si long le long voyage sur un sol inconnu
Il est si loin l'autre rivage que tu cherches les pieds nus.


Machinalement, le Géant baisse les yeux sur ses bottes alors que la charrette s'engage dans les faubourgs de la ville. Ses bottes qui ont déjà foulée tant de rivages, suivi nombre de routes, traversé les plaines et franchi les cols.... Mais du monde à quoi bon le conquérir sans personne à qui l'offrir? Entre ses poumons s'essoufflant, son cœur s'accélère alors que s'écarte des autres façades celles du manoir qu'il a reconstruit.... Sautant de la charrette, il reste ainsi, de longs instants à observer les jeux de lumière sur le bossage des pierres.... Une vérité immuable sur laquelle son regard à l'infini se perd. Aussi solide que soit la pierre, le temps en fera de la poussière..... alors que chaque jour, rejaillit la lumière....

Quelque chose a changé en lui.... De loin, il est vrai qu'à son allure voutée, ses gestes trop mesurés et ses joues creusées, on pourrait y voir la silhouette d'un homme qu'un trop long emprisonnement a brisé. Mais qui donc sortirais de six semaines de réclusion l'air frais comme un gardon? Vrai, le Géant est usé et fatigué, le manque d'exercice au grand air et de nourriture de qualité minimale lui ont bien fait perdre un cran ou deux au ceinturon. Pourtant, quelque chose d'énigmatique dans le sourire qui lui plisse imperceptiblement les lèvres, un éclat tamisé au fond des yeux.... Chaque jour rejaillit la lumière oui.... et aujourd'hui plus encore que n'importe quel autre.....

Poussé par un instinct soufflé entre deux battements de cœur, il se tourne de côté en écartant légèrement les mains devant lui, accueillant de tous ses bras et de tout son être le jaillissement de la seule lumière à le guider dans l'obscurité....


Ma Cédalia.... mon amour....enfin.... oui....

D'un geste de l'esprit, le Géant repousse la fatigue qui l'étreint comme l'on chasserait une mouche, et déjà la chaleur de se corps si frêle à côté du sien l'envahit... oui, sa Lumière est là, blottie entre ses bras....

Peu de mots, lourds, inexpressifs, inutiles à traduire la sincérité d'un élan du cœur... des regards échangés, accrochés, des mains que ne se détachent, une étreinte qui ne se desserre.... Les heures s'enchainent, mais sur la terrasse juchée en toiture de la bâtisse, le temps semble n'avoir plus de prises sous la pergola où se pendent les sarments d'une vigne déjà bourgeonnante.....

Quelques larmes joyeuses, beaucoup de rires, petit gloussements perlés de sa cadette lovée au creux de ses bras, de ses jumeaux, perchés chacun sur un de ses genoux....


Ce soir, mes enfants, Papa va vous raconter une histoire...

Redescendant sur l'horizon, l'on pourrait croire à sa course inchangée que l'Astre du Jour contemple la scène d'un oeil indifférent.... Pourtant, cette bulle où ne filtre aucune de ses ombres le perturbe par son irradiance, par l'éclat luminescent d'un rire d'enfant.... Quelque chose de jaloux dans ses rayons oui, le soleil s'en va coucher maugréant sur ces gens plus lumineux que lui, surtout sur ce Géant au sourire béat et ébloui.....
_________________
--Le_petit_sentier


C'était une de ses journées au soleil timide, annonçant le printemps sur les montagnes sans encore trop l'oser. D'ici quelques semaines, la plupart des cols seraient ouverts au passage. Mais pour l'instant, la neige marquait encore quelques hésitations à la fonte, et seules hautes cimes des conifères montagnards se découvraient déjà de façon convaincante.

قمامة ! Saleté d'Hiver vivement qu'il se termine! Je sens plus mes pieds! Ah ce que je voudrais être à la place du Janissaire, tranquille, dans une petite casbah en bord de mer. Je suis certain qu'il ne s'encombre plus de fourrures depuis des années lui!

Je te rappelles que c'est toi qui avais besoin d'un endroit ou passer l'hiver à l'abri des patrouilles. Que je sache, sans tes idées lumineuses, on n'en serait pas là!


Le premier à s'être exprimé avait craché ses mots d'une voix hachée mais pourtant chantante, typique du parlé des nomades du désert d'outre-mer. Le Maure était assis sur une pierre plate, en face d'un feu brulant à petites flammes à l'entrée de la grotte aménagée en abri sommaire. Se frictionnant le corps au travers d'épaisses fourrures dont il s'était enveloppée, l'homme maugréait du regard vers la piste descendant vers les vallées, encore impraticable pour une bonne semaine au moins.

Oh, ça va hein, ne prend pas la mouche! Je critiquais pas le choix de la planque. Mais je déteste le froid!

Et bien tu devrais venir passer un hiver dans les Highlands. En plus du froid, y'a l'humidité.


Insensible à la morsure glacée du vent secouant les congères le long de ses jambes nues sous le kilt par toute saison, l'Écossais se réchauffait les sangs en s'exerçant de quelques passes d'armes de sa rapière à lame large, fouettant l'air autour de lui à l'assaut de quelque adversaire invisible, glissant tour à tour une botte entre deux phrases.

J'espère au moins qu'elle valait la peine de voir ta tête mis à pris au Califat de Grenade comme en Aragon. Tsss, tout ça pour un bout de femme.

Peut être, mais la plus belle et la plus tendre de toutes! Ah, ma douce Yasmina... Ça serait à refaire que je ne n'hésiterais pas!

Ah mais ça, je n'en doutes pas un seul instant! Mais si tu veux réitérer on attendra le plein printemps, que le trafic reprenne un peu sur les routes. Mais tout de même.... la propre fille du Grand Vizir.... tu aurais du te douter qu'ils t'enverraient droit au billot!

Allons donc, n'aurais tu pas fait pareil?


Cyniques et pragmatiques autant que doux rêveurs des soirs parfumés, Contrebandiers de fortunes sonnantes ou chantantes, des Chemins du Midi et des Pistes du Nord, horizons opposés du Petit Sentier, et pourtant vieux amis. Ainsi sont-ils, depuis déjà bien des années, que ce soit des routes racontées ou partagées.

Bientôt reviendraient les brises chaudes qui rouvriraient les chemins des vallées, et ils pourraient repartir, à la conquête d'autres sentiers....
Gorborenne
Au loin, le Soleil embrase la mer sous l'horizon, laissant comme une trainée de métal en fusion entre les vagues de l'Océan. Le Géant interrompt un moment le cours de son récit pour redresser dans ses bras la jeune Aelia. Bercée par la voix de son père et les soulèvements de sa respiration, déjà, lentement, elle s'endort, se confortant d'une présence rassurante plus que d'une histoire palpitante.... Les yeux grands ouverts les Jumeaux, eux, n'en perdent pas une miette, rivés sur les lèvres contant les faits, sur la main libre suivant les intonations de quelque geste.

Pourquoi a-t-il choisi cette histoire là? Le père qu'il est sait bien que ses enfants sont encore jeune pour comprendre les messages entre les lignes, pourtant, le regard sombre de Goran et le sourire pétillant de Lileia, indiquent qu'ils gravent dans leur mémoire le moindre de ses mots..... Pour apprendre, il n'est jamais trop tôt.....


[Le Combat Originel]

C'était il y a très longtemps, du temps d'avant les ancêtres de mes ancêtres. Le monde ne ressemblait en rien à ce que l'on connaît aujourd'hui. Les légendes parlent de cités merveilleuses, donc les murailles blanches scintillaient sur les collines, mais aussi d'autant de contrées barbares où ne régnait que la désolation. En ces temps, les hommes vénéraient d'autres Dieux, et ces Dieux, comme les hommes, étaient loin de connaître la paix. Pourtant, il y avait dans cet état conflictuel permanent comme une sorte d'équilibre.

En Grèce, s'était Arès, combattant sa demi-soeur Athéna, en lointaine Égypte, on racontait l'histoire de Seth poursuivant Osiris, et il y avait aussi Loki et Heimdall s'affrontant à mort lors du Ragnarok des Grands Nords. Toutes ces histoires appartiennent aujourd'hui aux vieilles légendes, et le temps a sans doute modifié bien des récits.

Mais quelque soit le peuple, quelques soient les noms qu'il donnait à ses Dieux, Il y avait partout une histoire qui semblait résister aux altérations du passage des saisons. Bien sur, suivant l'endroit, où celui qui la raconte, les divinités intervenant portaient parfois d'autres noms. Ainsi, Apollon pouvait se confondre avec Amon-Rê, et le Python avec le dieux Apophis, mais le fond parle toujours du combat entre un Dieu de Lumière et le Serpent du Chaos. Un Combat fait de victoires et de défaites, conflit éternel des principes opposés, sans jamais vraiment de vainqueur, ni de perdant. Car c'est par ce qui le lie à son opposé qu'un principe se définit, non par lui même.... Ainsi en est-il depuis l'origine même des temps, depuis que le Jour est Jour et que la Nuit est Nuit.

C'est là ce qu'enseigne nombre d'anciennes croyances, mais beaucoup on disparues, chassées au rang de paganisme hérétique, d'autres absorbées au profit des Saintes Idées du Livre des Vertus..... D'autres temps, d'autres vérités.... Qu'importe tant que ne se perd la Mémoire.... tant que perdure les Histoires....


[Au cœur des Pyrénées]

Le Géant arrête l'attelage au sommet du col, laisse trainer un regard les vallées qu'ils viennent de franchir avant de le ramener d'un sourire vers sa Mesnie. Encore quelques lieues, et ils seront en terre Espagnole, et dans quelques jours, cela sera Saragosse....

Devant lui, l'autre charrette menée par frère et sœur, derniers recrutés de l'Équipage, mais déjà, la brunette conduit la caravane comme il se doit, lui laissant cependant le soin de sermonner le Timonier ayant pour ainsi dire beaucoup plus de mal à mener un attelage à travers les montagne qu'un navire sur les flots.


Monsieur de l'Eau Douce! Faites moi avancer cette voiture ou je vous envoie récurer les cales du navire!

On a pas de navire Capitaine!

Je sais! Justement!


Rire franc qui raisonne entre les collines alors que la caravane entre sur les territoires d'Aragon. Laissant la conduite de l'attelage à sa Dulcinée non sans s'être attardé - un peu - la dévorer le coin de la lèvre - juste un peu, vraiment... -

Papaaaaa! lazuiiiiite!

Mais la petite voix cristalline de Lileia au mots encore hésitants semble pourtant déjà s'armer de l'autorité de sa mère. Laissant donc, la conduite de l'attelage à sa Chère et Tendre, le Géant enjambe la banquette pour venir s'installer avec la marmaille impatiente à l'arrière de la charrette.

Rone! Viens te joindre à nous, c'est l'heure de l'Histoire!

Un geste à la petite, jamais loin d'eux depuis qu'ils l'ont retrouvée à Bordeaux. Jetant un regard à sa Crécerelle, jamais loin de la petite, elle, le Géant ressent comme une pointe de jalousie en voyant son faucon adopter si facilement la 'tiote..... Une petite mère elle aussi.... Un sourire à la réclame explicite du rapace.

Vous irez chasser plus tard Héméra, tu sais bien que le gibier est plus abondant dans les vallées...

Kraaaa!

Mais le Géant cette fois croise le regard sans équivoque de Goran. Lourd de silence et de sous-entendus d'impatience.... Un parchemin de trois pieds ne suffirait pas à coucher par écrit toutes les remontrances exprimées par ses deux petits yeux figés autour d'un petit nez plissé.... Tel père tel fils.... hum.... étrange que cela, le Géant en est désarçonné un bref instant, mais passons donc l'histoire attend!..... Se calant entre deux sacs de paquetage et la pile de couvertures de bivouac, le Géant reprend son récit, vérifiant que son confort du moment sera apte à encaisser les expropriation progressive du fait de ses héritier prêts à lui voler ses mots de la bouche pour les entendre plus vite.....


[Les Deux Champions]

C'était une fois de plus, lors d'un affrontement du Dieu de Lumière et du Serpent du Chaos. Il est difficile de classer dans le Temps les récits de leurs combats, d'ailleurs, d'une certaine manière, le Temps lui-même est partie du combat, comme arme de l'un ou de l'autre, comme enjeu, comme bouclier.....

Les deux adversaires ne s’affrontaient que très rarement en personne, car lors de telles rencontres, la titanesque dualité de leurs présences engendrait des cataclysmes sans nom que ni l’un ni l’autre ne désiraient. Alors chacun déléguait son ou ses champions à chaque fois que revenait la prime saison. Si elle s’ouvre par le mois de Mars, le Dieu de la Guerre, cela n’est pas au hasard. Mais nul n’aurait pu prédire, au matin de ce jour-là, des évènements qui allaient découler du combat…..

Du côté de l’Ombre, du côté du Chaos, se tenaient un serpent à l’image de son créateur, la langue pointue dardant la mort, mais presque moins que les yeux qui luisaient d’un feu couleur de sang. Sa peau était couverte d’écailles lisses et sombres, et ses mouvements entre les herbes de la plaine sourdaient en écho une sorte de chuintement sinistre. Lentement, il se dirigeait vers le lieu de la rencontre, au pied du Grand Hêtre du jardin des Dieux. Il était confiant car son maître le Dieu du Chaos lui avait confié un pouvoir à nul autre pareil. Bien sûr, sa morsure était déjà mortelle pour n’importe quelle créature vivante, mais plus que ça, le Serpent avait reçu en don l’Insensibilité au Divin, qu’aucun Dieu ne puisse avoir de pouvoir sur lui.

L’Oiseau qui attendait, perché dans une des branches de l’Arbre Millénaire, ne semblait pas moins sûr de lui à l’approche du combat. Il était le Champion de la Lumière, de l’Ordre Divin du Monde, et ses plumes d’argent luisaient des rayons entremêlés de Lune et de Soleil. Son bec et ses griffes d’or auraient pu fendre les plaines et soulever des montagnes. Mais surtout, rien ne pouvait se cacher à son regard perçant. Car ce que son maitre, le Dieu de la Lumière, lui avait légué comme pouvoir, était de Voir le Vrai en toute chose, qu’aucun mensonge, qu’aucun faux-semblant ne puisse altérer son jugement.

Ainsi en était-il des deux créatures tinrent tête ce jour-là….


[Quelques jours plus tard, en Armagnac]

Et puisqu’on parle de tête, le Timonier risque de regretter de ne pas avoir montré la sienne…. Déjà les plateaux Espagnols sont loin derrière, et la route se parcourt dans l’autre sens au nord, suivant les vallées en direction de la Garonne, les charrettes remplies de minerais et autres babioles…. À quelques lieues de Auch, le Géant sent que la monotonie du paysage agricole est une choses de plus à lui peser sur l’humeur……. La moitié de la Caravane absente à l’appel, encore du temps perdu…..

Celui-là ! Je m’en vais te le dégrader et l’envoyer récurer les latrines en plus des cales….. et du pont aussi, tant qu’à faire….. Et la cuisine, privé de solde et de viande pour un mois…..

Fulminant, le Géant comte sur ses doigts, jetant de temps à autre un regard vers la brunette en tête de l’autre attelage.

Qu’est-ce que tu en dis ? J’ai oublié quelque chose tu crois ? D’ailleurs….. repeignes-toi un coup, maintenant que te voilà Officier Supérieur de l’Équipage ! Ce Franc-Comtois vaut plus un clou….

Se retourne pour le coup vers sa bien-aimée, assise sur la charrette à ses côtés.

Qu’en penses-tu, Capitaine en Second ? On lui laisse une chance après une punition méritée ? Où je le renvoie directement sur un marché aux esclaves de Byzance ?

Un sourire de Dragon prêt à mordre, les écailles à vif et les poings en griffe.
_________________
Ronea
[Maintenant que je suis là, j'y reste.]

Un pas en avant, un pas en arrière, un pas sur le côté, un pas de l'autre côté.
La petite troupe continuait d'avancer.
Où?
Pas la penne de demander à Rone, elle n'en sait fichtre rien. Cher elle s'est partout, tant qu'il y a Isa, Gabon et les bébés, comme elle aime les appellerez car " ils sont bien plus petit qu'elle".
Les chemins comme cour de récréation, une Crécelle comme meilleure amie, une fronde comme jouet, un bébé qui pleure, des jumeaux qui se chamaille, une Isa et un Gobon aimant qu'elle ne s'empêche plus de considérer comme ses parents, que demander de plus?

Et dans la charrette qui les emmène vers des aventures chargées de Fée, de Géant, de dragon, de dieux des Océans, de serpent aux étranges pouvoirs, la gamine insouciante prend tout ce qu'on peut lui donne.
La partie de chasse avec Héméra est remise à plus tard. Trouver une place confortable le plus près possible du géant et se laisser aller dans un récit fantastique que son imagination ne tarde pas à mettre en scène.
La bataille des dieux ne se fait pas attendre et déjà avant même que le récit ne l'évoque la gamine les voit faire trembler les montagnes.
Héméra tout naturellement devenait l'oiseau de feu.
Le regard de la gamine se plongea dans celui de son amie. Et l'histoire, entre leur pupilles, devient une épopée aux milles éclats. Héméra serait gagnante à coup sûr. Le serpent battrait en retraite après avoir constellé le ciel de faisceaux de lumière et avoir fait trembler la terre.

[L' Armagnac et la poudre]

Entre chimère et vie courante la gamine prend tout ce qu'on peut lui enseigner. Elle a soif de savoir et Gobon est son puits intarissable. Chaque jour est une aventure, chaque heure une nouvelle expérience.
Quand la marmite s'envole se sont des yeux écarquillés qui la suit.

Wahou...

Ça c'est de la magie. Leur groupe devient de suite dans sa tête des grands magiciens invincibles. Sentiment de toute puissance. Peut être qu'ils sont des dieux eux aussi. C'est dans cette idée quelle vivra pendant un moment.

Et quand Gobon se met à râler, dans sa tête l'homme qui l'a mis en colère n'a plus qu'a faire profile bas devant ce dieu vivant qui peut le transformer en poussière en un levé de doigt. Gobon il a tous les pouvoirs et les maisons tremblent à son passage.
Une maman fée de sang, une maman Isa de cœur, un papa vrai qui n'existe pas, un papa dieu qui la prend dans ses bras, le dieu de l'océan n'a plus qu'à bien se tenir, sûr qu'il ne leur refera plus jamais le coup du bain forcé. Surement qu'il voulait combattre avec Gobon jaloux de tous ses pouvoirs, et sûr qu'il a voulu la plonger au fond de l'océan parce qu'en grandissant Rone sera comme Gobon: un dragon invincible!

_________________
Cerdanne
[La Teste. A pas de géant …l’océan une dernière fois…]

Elle l’avait perdu de vue.
Appréhendait de replonger ses yeux dans le gris de ses vagues.
Peur nouée au ventre. L’appel venait du plus profond.
Mais l’amertume des baquets d’eau salée engloutissant le souffle de vie qu’elle portait, les amis hurlants autour d’elle, le fracas du bois qui se brise, des canons qui hurlent…

Elle s’emmitoufla dans sa cape et tourna d’un geste sec le dos à la masse verdâtre qui la narguait encore.
Son regard volontairement fixé sur les remparts de la ville.

Elle reviendrait…
Et son regard aura la même couleur que les flots.
Et leurs retrouvailles seront flamboyantes.

Elle rejoignit à pas lent la charrette.
Le voyage vers les cimes enneigées pouvait commencer…


[Aragon. A pas lent…Pyrénées, terre paternelle…]

Elle cheminait sans un mot.
Toute tournée vers cette terre ibérique qu’elle foulait avec prudence. Son paternel avait du cheminer par là.
Elle cherchait sous la neige et le sol gelé un signe…
En vain.
La voix du géant résonne entre les vallées.
Bercée par les mots, elle dérive entre ombre et lumière.
L’attente des retardataires soulignent de cernes noirs le regard de la brune.
Pas besoin de parler.
Le grand sait ce qu’elle pense des mauvais conducteurs…


[Armagnac. A pas de velours…La poudre en pente douce]

Mornes plaines qui déversent leur trop plein de verts pâturages.
La queue de l’hiver, encore et pourtant dans l’air une odeur différente.
Les mêmes retardataires, toujours, et les cernes noirs plus profonds encore et le regard bleu comme un cri.

Le géant grogne et Cerdanne approuve.

Elle leur réserve des jours sans pains aux fugueurs…
Imagine viandes dégoulinantes qui effleureraient leurs pupilles dilatées et pour tout repas les latrines à récurer.
Elle approuve encore et finit par sourire…

L’Armagnac sans son eau de vie, vide, ennuyeuse.
Alors la poudre prend le relais et la cuisine expérimentale commence.
Rone et Provençale sont à la fête…
Sons et lumières effacent cernes et grimaces.

Un jour nouveau va se lever…

_________________
Isa.
Un jour nouveau va se lever ... un de ces jours où même elle en arriverait à exploser. Et nul besoin de poudre ! Quand l'exaspération gagne la brune, le vent devient murmure, les fêtards désertent les tavernes, les monts eux mêmes s'applaniraient s'ils le pouvaient ... tout autour d'elle adopte un profil bas. Et le vantard dont la voix résonne ce matin-là par les fenêtres ouvertes de la mairie, aussi ... s'il savait. Il est vrai que ses propos sont déplacés. Accuser une gamine sans même la connaitre ... !
Est-ce là le mot de trop ? Celui qui - comme la goutte fait déborder le vase - déclenche en elle une série de réactions imprévisibles bien que parfaitement maîtrisées ? Toujours est-il que la réaction ne se fait pas attendre. Elle en a assez et les événements vont prendre une toute autre tournure.

Un simple mot, griffonné sur un bout de vellin, qu'elle dépose sous les yeux du géant, alors qu'il planche encore sur Dieu sait quel projet faramineux. Oh, elle ne lui reproche pas ses projets ! Loin de là. Si elle est en vie aujourd'hui c'est aussi parce qu'un jour elle a glissé sa main dans la sienne et que ce geste l'a liée à lui à jamais. Il le sait. Elle aussi. Même si leur projet de convoler est sans cesse reporté, ajourné, réfléchi, discuté parfois ... oublié jamais. Son souffle à lui avive sa flamme à elle. Sa lumière à elle le guide et le sort des méandres dans lesquelles son esprit tortueux et ses actes spontanés, dictés par l'amour des autres et le besoin de défendre les plus faibles l'entraînent souvent. "Pour un oeil, les deux ... pour une dent ..."
Deux azurs aux reflets curieusement métalliques scrutent l'expression du visage du chauve, juste histoire de s'assurer que le message est passé. Comme s'il le fallait encore.

Ses "ordres" sont suivis à la lettre et alors que la charrette reprend une fois de plus la route de Lourdes, comme s'ils devaient y aller en pélerinage tant ils y tournent et retournent ces derniers temps, son esprit est déjà tourné vers lui... le saboteur.
Heureusement, une conversation avec Cerdanne a quelque peu calmé Isa. Elle apprécie la jeune femme, sans doute parce qu'elles sont faites toutes deux de la même étoffe, celle qui fait les femmes de caractère, celles qui avancent vers l'avenir et donnent comme ce jour, la petite pulsion ferme et nécessaire pour sortir de l'enlisement.

La route donc. Isa est aux commandes. La puissance que dégage l'imposant cheval de trait à l'avant de la cariole apaise peu à peu la fougue de la brune. A l'arrière, le récit du géant captive les petits. De temps en temps elle se retourne, juste pour le plaisir de voir l'expression que prennent leurs visages à l'écoute du récit. Lileia, assise genoux repliés sous le menton, face à son père, le scrute de ses azurs brillants. Goran, plus posé, semble déjà réfléchir à l'issue du combat, un sourcil relevé, sceptique ? Aelia blottie dans les bras de son père semble apprécier ses mouvements et laisse entendre de temps à autre un petit rire cristallin. Et que dire des yeux de leur dernière .... Les pensées d'Isa reviennent à cette soirée en taverne où pour la première fois, Ronea s'autorisait le mot "maman" ... comme une confirmation de ce que son coeur savait depuis le premier jour. Regard complice enfin à son autre ...

Bientôt, là haut, ils décrocheront la lune ...


_________________
Gorborenne
[Sur la Garonne]

Le Libra, la "Balance" pour qui connaît les constellations et leurs latines appellations. Quelques jours, à descendre le fleuve. À Agen, il avait fallu deux bonne journées pour embarquer toute la marchandise et l'arrimer entre les bordages du foncet. À peine plus gros qu'une barque, ils sont pourtant une demi-douzaine à bord, s'installant à qui mieux mieux entre les caisses de minerai de fer, où sous la bâche à l'arrière du frêle esquif. Et ainsi s'amorce la descente du fleuve. Demain, dans la soirée, ils passeront par un endroit que le Géant connait bien pour y avoir manœuvré à plusieurs reprise: l'Affluent de la Garonne et de la Gironde, et puis Blaye, plus au nord, où ils sont attendus pour "affaires"..... Bientôt fini de trimballer du fer! Si on lui demandait, le Géant réprimerait une grimace avec un air de "c'est pas trop tôt". Surtout que ça n'est pas encore tout à fait fini. Quelques négociations, une dernière livraison, et après, seulement après cela, ils pourront enfin repartir légers, au propre, comme au figuré. Quelqu'un s'est-il jamais posé vraiment la question de ce que c'était que de trimballer une moitié de tonne de minerai fer sur des centaines de lieues? Qui peut savoir?

Pourtant, assis sur la toile recouvrant le reste de leurs affaires, les héritiers de sa mesnie installés autour de lui, le Géant à toute autre chose en tête. Toujours des projet, oui, par monts et par vaux, toujours un route à prendre, un horizon à observer.... Mais le voyageur, toujours, sait prendre un temps d'arrêt. Un arrêt sur le chemin, comme une virgule à l'histoire, une infime respiration.... De celles qui suffisent à l'Histoire, pour faire naître des Dragons.....

Prenant sa cadette sur ses genoux le Géant lui tend son jouet préféré - la main de papa - en laissant son regard flotter un moment le long du rivage paresseux, bordé de coteaux couverts de vignes bourgeonnantes. Comme toujours, comment partout, revient le Printemps..... L'Histoire se répète, fatalement.... N'est-ce pas pour l'éviter que l'on tente d'en instruire nos enfants?


[Parce qu'il n'aurait pu en être autrement]

Était-ce le matin où le soir? Il aurait été difficile de le dire.... Les ramures du Grand Hêtre frissonnaient sous la brise, charriant une sorte de lueur imprécise, de celles qui bercent les instants entre le Jour et la Nuit. Les deux créatures se faisaient face. Sur sa branche, de l'Oiseau ne bougeait que la tête, surtout ses yeux, scrutant son adversaire et chacun de ses mouvements. Car le Serpent se mouvait sans vraiment se bouger. Mais ses anneaux écaillés semblaient pris d'une sorte de mouvement mécanique, comme une horloge qui tourne sans s'en rendre compte.... rivés au regard de son ennemi, ses yeux de braise cache une profonde malice derrière leur façade vitreuse, et sa langue darde en silence devant lui.....

Parleront-ils avant de se battre? Question inutile, car quiconque aurait contemplé la scène aurait su que le combat avait déjà commencé. Au fond de leurs regards qui se toisent, se jaugent, leurs postures, le rythme de leur mouvement..... Tout cela déjà témoignait d'une sourde agressivité, d'hostilités pleinement engagées..... Pourtant ni l'un ni l'autre encore ne bougeait….

N’importe quel Maistre d’Armes vous dira que l’issue d’un duel se dessine souvent avant même que l’épée n’ai quitté le fourreau, que le véritable combat se passe dans les yeux des adversaires qui se toisent avant de laisser parler l’acier….. Cela ne fut pas le cas cette fois, et pourtant, cela le fut, suivant le point de vue…. Car nul, même qui aurait pu lire dans les regards, n’aurait pu décréter lequel du Serpent ou de l’Oiseau sortirait vainqueur, et pourtant la réponse était là, au fond de leurs yeux, comme une évidence…..

Une évidence que nul n’aurait pu percevoir, non, encore moins quand les deux créatures s’élancèrent. Il y eu à peine plus qu’un raclement de serre frôlant la branche, et l’Oiseau avait déjà disparu quelque part au milieu des ramures, et l’herbe au sol garderait encore quelque moment l’empreinte du corps du Serpent, là encore un instant plus tôt s’étiraient ses écailles luisantes qui glissaient maintenant à toute allure le long des grandes branches…..

Un silence….. Où étaient-ils ? Que se préparait-il ? L’air semblait vibrer, annonçant quelque chose, comme tremblant sous le poids d’une incommensurable révélation…. Un bref tremblement, une décharge, comme la résistance du ciel et de la terre savaient qu’elles ne pourraient contenir l’orage un instant de plus…..


La mine sévère, le Géant coupe là son récit quelques instants, Lileïa d’habitude si bavarde s’accroche à ses lèvres sans plus pouvoir prononcer un mot, et Goran, l’air toujours grave, a pourtant dans les yeux myriade de petites étincelles passionnées…. Dans ses bras, Aelia a relâché sa main pour taper des siennes de quelques gloussements à chaque changement d’intonation…..

BANG !!!

Sursaut général…. Même du Géant dont la cadette a failli lui glisser des bras de surprises, mais part déjà d’un grand rire en quelques bonds stabilisateurs entres les bras de Papa, qui se redresse, se réinstalle, la réinstalle, et reprend son histoire comme si de rien était….. Le ton un peu plus haut, plus vif, le phrasé plus rapide, comme le récit lui-même semble s’accéléré au rythme des couplets….

Une détonation d’une violence inouïe ! Sur la colline, l’Arbre immense ploie sous l’impact du premier choc ! Là, entre ses branches, les Créatures sont venues au contact ! Bec qui pique, qui claque, serres qui fouettent et enserrent, l’Oiseau de l’Ordre et de la Lumière darde de mille coups son adversaire ! Rapide ! Étincelant, chacun de ses assauts est comme la chute d’une étoile incandescente ! Flamboyant d’innombrables rayons, aussi insaisissable qu’un soleil, il tournoie et darde sans cesse, illuminant les ramures du Grand Hêtre comme si l’astre du jour s’était mis à luire en son sein….

Et le Serpent n’était pas en reste ! Il se faufilait et disparaissait sans cesse, se confondant avec les branches, surgissant des feuillages, tranchant l’air de sa queue, frappant à mort de ses crocs, giclant des nuées ombrageuses à chaque morsure, crachant son venin en vapeurs mortelles ! Les écailles de sa peau redressées comme un millier de dards étaient autant de lames déchiquetant ce qu’elles touchaient. Chacun de ses mouvements violents et désordonnés ouvrait des brèches et des gouffres de chaos, s’enveloppant d’impénétrables ténèbres qu’on aurait dit que leur royaume s’ouvrait entre les branches de l’Arbre…..

De plume et d’écailles ! Coups de crocs et coup de bec
La bataille rage de grondements en claquements secs !
L’Oiseau virevolte de lumière sur ses ailes dorées
Le Serpent fuse en ténèbres et furtivité

Mais d’aucun encore, le combat ne semble gagné…..
Alors s’armèrent-ils de ce que les Dieux leur avaient donné….
Et si les assauts n’en furent que plus violents de chaque côté
Il n’est ainsi que l’issue serait décidée….


Car l’Oiseau, de son Œil qui pouvait Voir le Vrai en toute chose, percevait chaque coup de son adversaire pour ce qu’il était, mais était incapable de prédire ses mouvements, car la seule chose qui lui fut impossible de lire était les intentions du Serpent. Son Insensibilité au Divin le protégeait du regard de l’Oiseau, aussi perçant qu’il fut….. Mais ce pouvoir ne le protégeait pas des serres tranchantes de son adversaire, pas plus que l’autre ne pouvait se servir du sien pour parer son venin, car leurs existences comme toutes choses étaient éphémères, seul les dons reçus étant d’essence divine. Ainsi de l’Ombre et de la Lumière, encore une fois, aucun des deux belligérants ne parvenait à prendre l’ascendant, mais ni l’un ni l’autre ne fatiguait dans l’affrontement, pendant mille et encore mille ans…..


Mais en beaucoup moins de temps que cela, leur embarcation s’avance déjà mollement en rade de Blaye, cité des Lierres….


[Quand transactions rime avec canons, ou presque....]

L’heure déjà…..

Capitaine… On est au lieu de rendez-vous, comment on opère pour la suite ? On a presque plus rien à manger….

Quand les Affaires appellent….. Saleté ! Soupire du Géant, repris en chœur par ses enfants….

Une minute…

Capitaine !

Oh ! ça va Oh ! J’arrive…


Lentement le Géant se redresse, tendant sa plus jeune dans les bras de son aimée, lui volant un long baiser, et de se retourner vers les autres aux regards suppliants…. À senestres armée d’enfants voulant leur histoire, à dextre un équipage hâtif de s’en aller boire…. Et la Cerdanne qui n'est plus là.... Un officier qu'il regrette déjà......

Au Bosco s’adresse un large sourire aux lèvres du Chauve, un rien vilain, il faut le reconnaitre.


Commence donc par me décharger toute cette ferraille…. Euh, nan, pas tout, laisse…. Comptage rapide sur les doigts …. Euh, laisse un tiers des caisses à bord, tu vois avec le Timonier pour qu’il amène un autre tiers sur la cogue amarrée deux quais plus loin, et le dernier, charge le sur les charrettes et trouve un entrepôt surveillé pour les entreposer, pas plus de trois-quatre jours. Arrange-toi comme tu veux, et puisque le Timonier a été rétrogradé, tu peux lui laisser le plus lourd…. Jusqu’à nouvel ordre, il est corvéable à merci…. Et après, allez vous trouver à manger.

Petit rictus moqueur du Bosco, bien vite ravalé devant le regard du Capitaine…. Lourd de sous-entendus. À choisir entre punition et pardon, essaye plutôt de ne pas te vautrer comme un….

Bien Capitaine !

Géant qui traverse l’embarcation alors qu’elle touche le quai, rejoignant le navigateur du foncet et un représentant mercenaire….

Messers, je vois que l’Étoile Céleste est à quai comme prévu. J’ai donc pourvu à ma part du contrat. Le payement dû restera à bord du foncet, je vous laisse vous arranger pour les titres de propriété. Il y a encore la Dame Rouge dont je dois m’occuper….

Belles cogues marchande, il faut le reconnaître…. Et de un…. Et l’autre du même, livrée quelques jours plus tard. Une affaire longue qui touche enfin…. À sa fin ! Longue, mais profitable…. Regard satisfait du Géant vers les charrettes qui s’éloignent du quai en direction des entrepôts…. Sa commission, six cent livre de bon fer à canons….. Deux fois le nécessaire….. De quoi payer les forgerons…. Un pincement au cœur, quand même, en voyant les mâts s’alignant le long des quais…. L’appel du large est ce qu’il est….. Bientôt…. En tout cas au plus tôt, le Géant n’attend que de repartir glisser sur les flots….

Encore du chemin à parcourir, comme toujours, et comme toujours, le chemin sait se montrer plus plaisant que l’horizon où il nous mène…. Et c’est l’impression du Géant, ce soir, inspirant larges goulées d’une brise chargée de sel et de printemps. Assis quelque part sur les hauteurs de la ville, ses yeux fermés cherchent imperceptiblement les rayons d’un soleil allant se couchant. Calme respiration…. L’esprit qui s’échappe un instant, vers le Limousin, où la ‘tite Sœur l’attend, le courrier est là, dans sa manche, arrivé au matin…. Et puis s’envole plus loin…. Dans l’espace et dans le temps…. Déjà si longtemps….. Soupire qui se lâche, mais sans fatigue, plutôt serein même…. Qu’importe le Temps, n’importe que le chemin….

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)