[RP] Bourguignonne pie, marions-le ! Episode 2

Un bordel... Où donc vais-je trouver cela, moi ?

Armoria arpentait son bureau de long en large, mains croisées au bas du dos, et marmonnant. Ah ça non, sa belle humeur habituelle n'était pas au rendez-vous quand elle évoquait l'engeance josselinièresque.

Et quand bien même je le trouverais... Comment savoir si la drôlesse vaudra quelque chose ? Comme si je m'y connaissais en femmes ! Ah bah oui, amenez-moi un homme, et je vous dirai ce qu'il vaut au lit...

Elle s'arrêta un instant, et fronça le nez.

... Surtout avec tous ces mois de chasteté qui me rendent chèvre ! S'il tient la route, c'est qu'il est doué. Fichue pénitence. Humpf.

Elle reprit le cours de ses réflexions, et sa déambulation. Il lui fallait trouver la perle rare, dans un domaine où elle ignorait tout. Passer par quelqu'un de bien renseigné ? Un réseau de connaissance ?

Vaxilart ?

Vaxilart, aux yeux d'Armoria, c'était le roi des bordels. Elle le soupçonnait de passer bien plus de temps vit à la main qu'épée hors du fourreau. Mais ce rustre serait fichu de penser toutes sortes de vilaines choses, et ça, brrr.

Non, il ne faut pas que l'on sache que c'est moi qui fais cette recherche, quelle horreur...

Plus ou moins consciemment, elle se mit à passer en revue les hommes de sa connaissance, ne trouvant jamais le bon candidat. Entre les vivants, de temps à autre, elle visualisait le visage de Cronos.

Pas Cronos, sotte, il est mort, le pauvre.

Lui ? Non, pas assez proche. Lui ? Allait-il au bordel ? Elle ne savait pas. Cronos et son heaume ? Mais non, il est mort ! Eusaias et sa mauvaise réputation ? Il n'avait pas besoin de bordels. Cronos et sa voix virile. Non, non, et non, il est mort, M-O-R-T, mort, bon dieu ! Thomas de Clerel ? Trop rapiat pour payer une coureuse de remparts. Cronos et...

... son annonce...

Les yeux émeraude s'écarquillèrent. Voilà donc ce que son esprit tentait de lui dire !

Elle courut à son bureau. Non, d'abord se laver les mains pour retirer la fragrance vanillée. Prudence est mère de sûreté, hein.

Robert ! Confie ce message à André.

Le muet, Votre Altesse ?

Quoi, tu en connais d'autres, dans mes messagers ? Evidemment, le muet ! Qu'il se rende à Paris, en les locaux de l'AAP, et qu'il confie ceci à Nicolas de Firenze, et à lui seul.
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Les terres de Saulieu étaient en vue. Enfin. Gwalchavad était trempé de sueur, le pauvre, il n'avait été guère ménagé par sa cavalière, hâtive qu'elle était de retrouver la princesse.

Gwen piqua des deux et arriva dans la cour du château ducal au milieu d'un nuage de poussière. Elle sauta à terre et confia son destrier au palefrenier présent, puis s'adressa aux gardes.

Faites annoncer la duchesse de prie, je vous brie...

reprenant son souffle

Pardon. La duchesse de Brie, Gwenhwyvar uí Fergus. Et apportez-moi à boire, prestement.
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Gwenhwyvar uí Fergus, Duchesse de Brie, Baronne de Boissy-le-Châtel, Dame de Creil

La monture fut prise en charge tandis que le garde accompagnait la visiteuse vers l'entrée de la gracieuse bâtisse : Armoria avait prévenu de la visite de Gwenhwyvar, et les gardes s'étaient entraînés à prononcer ce nom épineux. Le malheureux qui marchait en cet instant auprès de la martiale champenoise se mordait avec inquiétude l'intérieur de la joue : si seulement elle s'était contentée de "la duchesse de Brie" ! Mais non, elle avait dit son nom... Et lui allait devoir le répéter.

Robert, c'est la Duchesse Couenne du Var.

Robert prit un air choqué et excusa le garde d'avoir écorché le nom de l'hôtesse de sa maîtresse, qu'il guida jusqu'au bureau d'icelle, ayant reçu auparavant ordre d'agir de la sorte séance tenante.

Votre Altesse ? La Duchesse de Brie est arrivée.

La blonde altesse se tenait à son bureau et rédigea un billet en hâte, pendant que Robert servait du Corton.

Elle se leva à la rencontre de son invitée, tendant le billet au valet en passant.

Porte ceci au jeune Aimbaud, et prestement. Duchesse, c'est un grand plaisir de vous revoir, depuis tout ce temps. Prenez donc place, que je puisse vous en dire davantage sur la situation.


*******


Il va de soi que Robert fit un détour pour passer devant le garde.

Alors, tu vas me faire croire que tu as réussi à l'annoncer sans écorcher son nom, hein ?

Le valet eut un sourire fiérot. Pour sa gloriole, autant éviter de préciser qu'il avait pratiqué l'art délicat de l'omission.
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Gwen ne tint pas rigueur au garde d'avoir écorché son nom. Elle avait l'habitude, et trouvait parfois drôle que les gens trouvent de nouvelles sonorités farfelues à l'énoncé de son patronyme. Était-elle sadique ? Prendre du plaisir à voir les autres se débattre dans les difficultés ? Allez savoir. Elle répliqua dans un sourire :

Je vous en prie, ce n'est pas très grave.

Elle suivit Robert jusqu'au bureau d'Armoria, et se fendit d'une profonde révérence, arrivée devant elle.

Votre Altesse, c'est un réel plaisir que de vous revoir. Vous avez l'air en pleine forme !

Elle s'installa et accepta le verre de Cotton avec plaisir.
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Gwenhwyvar uí Fergus, Duchesse de Brie, Baronne de Boissy-le-Châtel, Dame de Creil

[Corbigny place]

- Oh.
- Quel événement, messire !
- J'ai peine à le croire.
- C'est épatant.
- Refaites-voir ça, un coup.
- Voilà.

Le serviteur aida son jeune maître à extirper la tête de la chemise qu'il enfilait et lui présenta aussitôt un miroir très près du nez. Aimbaud tiqua légèrement en observant son reflet dans l'argent.

- Oh.
- Oui. Vraiment ! Félicitations.
- Merci, Gudbert. Je n'en reviens pas.
- Il serait tout de même seyant de le raser.
- Vous croyez ?
- Ca perturbe l'équilibre de votre faciès.
- Refaites voir.

Et la tronche josselinière de se retrouver nez à nez avec son reflet émaillé, lequel arborait vraisemblablement une nouveauté qui faisait débat. Mais il fallait avoir l'oeil vif pour discerner cette révolution faciale, car elle était très fine et ténue, presque invisible à l'oeil nu, à moins de loucher de manière appuyée sur la peau du jeune Métisse.

- Décidément je ne m'y ferai pas.
- Mais si, avec le temps.
- Ce jour restera dans les annales.
- Eh oui : votre premier poil de moustache !
- Allons, rasez-moi ça.

Tout s'expliquait.
Gudbert s'exécuta. Un ratissage à la lame de rasoir et il n'y parut plus : le faciès du gamin se retrouva aussi glabre que d'habitude. On ne s'amusait pas à porter la barbe avant l'âge mûr, chez les Josselinière, ça faisait négligé, style viking d'Artois, donc pas du tout présentable pour un Bourguignon. On verrait à la trentaine, pour le port du bouc. En attendant, le moustachu mono-poil achevait de boucler son attirail pour s'en aller répondre à l'appel de sa Tutrice.

°°°



[Saulieu place]

Votre Altesse ? Aimbaud de Josselinière est ici.

Et effectivement, un bruit se fait entendre dans le couloir, de semelles de cuir qui traînent parfois négligemment les talons, du cliquetis d'une épée mal engoncée dans son fourreau, et d'une cape qui crache un peu de poussière des chemins sur les tapis. Le drôle se découpa dans l'encart de la porte où s'effaçait le valet, il ôta son couvre-chef et avisa les deux femmes présentes, avant de s'incliner vers d'Armoria.

Altesse. Vous m'avez prié de venir ?
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Avant la josselinièresque arrivée :

Une fois bue la gorgée de convivialité - parce qu'elle avait une sainte horreur d'offrir à boire sans même prendre une gorgée avant de reposer son verre - elle sourit avant de répondre.

En forme, je le suis, assurément, pour la joie de mes amis et le malheur des autres.

Le regard vert se fit aigu et elle détailla la champenoise sans façons : pas non plus comme pour un bestiau à la foire, hein, mais avec tout de même ce quelque chose dans les yeux qui fait penser à un maquignon. Toujours est-il qu'elle sembla satisfaite de ce qu'elle vit, puisqu'elle ajouta :

Vous aussi, semble-t-il. Bien, fit-elle d'un ton énergique, comme je vous l'ai dit, le... sujet est fort ardu à mener, aussi est-ce pour cette raison que j'ai pensé à ce subterfuge visant à lui faire accroire que vous êtes là pour votre expérience des armes et des combats. Au fait, avez-vous déjà jouté, Duchesse ? Il manie déjà les armes sur le terrain, aussi ai-je argumenté qu'il devait apprendre à présent l'élégance en matière de combat, afin que de s'illustrer dans les tournois.

Et puisqu'on parlait "affaires", il fallait faire en sorte d'éviter les dols. Donc :

Je vais aussi m'assurer que sa formation en matière de sexualité soit assurée convenablement, afin que vous en soyez tous deux satisfaits. Du reste, si vous avez des questions à me poser sur ces choses qui sont assez mystérieuses aux pucelles, ne vous gênez surtout point : nous sommes entre femmes, et qui plus est, entre femmes qui se connaissent bien.

C'était aussi un tout petit peu moins direct que de dire "alors, toujours pucelle ?". Si la duchesse piquait un fard, Armoria serait fixée.

Après l'arrivée :

Ah, voici le jeune Aimbaud. Finissez donc d'entrer, jeune homme, et saluez votre nouveau maître d'armes, la Duchesse de Brie.

Elle comptait y aller en douceur, et ne pas lui révéler son nom tout de suite. Déjà que c'était une femme alors que,s ans doute, il s'attendait à un homme, si en plus elle lui donnait son prénom d'entrée de jeu, on s'rait pas dans la mouise...

Ah oui, au fait : vous vous trouvez à présent dans un récit avec flash-back, style Lelouche, mais avec moins de Belmondo. Classe, nan ?
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Juste avant l'arrivée du bleu :

Ah ça, la princesse était réputée pour aller droit au but. Réputation confirmée. Quand elle aborda la question de son pucelage, le visage de Gwen resta presque impassible. Elle avait été éduquée pour devenir une bonne mère de famille par les femmes du Rath paternel en Irlande, et bien qu'elle fut toujours vierge, elle avait été instruite au plaisir charnel. Sans avoir jusqu'à présent eu l'occasion de vérifier la théorie. Elle répondit simplement :

Votre Altesse, je vous fais toute confiance quant à l'éducation sexuelle de notre cobaye, si je puis dire ainsi. En ce qui concerne la mienne, elle est achevée, et je pense sincèrement être capable de surprises pour mon futur amant, quel qu'il soit. Cela dit, je ne suis pas contre tout conseil d'une femme expérimentée telle que vous, si vous en jugez la nécessité !

Arrivée du cobaye

Gwen ouvrit de grands yeux à son arrivée. Elle n'avait pas été préparée à ça. Qu'il était jeune, presque un enfant. Gwen dut faire un effort pour cacher sa surprise, et entendit alors la princesse la présenter par ses titres. Délicate attention d'éviter de mettre Aimbaud dans l'embarras, à ne pas le forcer d'emblée à répéter son nom gaélique.
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Gwenhwyvar uí Fergus, Duchesse de Brie, Baronne de Boissy-le-Châtel, Dame de Creil

... et saluez votre nouveau maître d'armes...

Mais avec plaisir, où est-t'il ce petit farceur ? Le nez josselinien décrit des tracés dans l'air, à droite, à gauche, en haut, en bas, hé macarena. Il ne voit là qu'Armoria et une de ses bonnes-amies, visiblement toutes deux occupées à discuter dentelles et rumeurs parisiennes. Sans doute le maître d'armes va-t'il jaillir de l'ombre derrière la cheminée... Avec un rire magistral, très rauque, et le vent dans sa cape...

Tant qu'à faire, autant se préparer à cette éventualité : faire montre de bravoure en ne sursautant pas d'un poil (de duvet), ne pas même paraître surpris.

... la Duchesse de Brie.

Pas de rire magistral.
La duchesse et Aimbaud écarquillent les yeux de concert.

Premier réflexe : Non mais elle a fumé la tapisserie, la Mortain... Deux ans qu'il fait ses preuves à l'armée, deux brigands estourbis à son actif, mille bastonnades et tabassages en règle, pas une égratignure, un grade de Grand Écuyer Tranchant décerné par le Duc... Et elle voudrait qu'une charmante petite nobliotte aux doigts blancs, n'ayant sans doute rien touché de plus dangereux qu'une aiguille à point de croix, lui enseigne l'épée ?

Second réflexe : Bon, il est vrai que pour une dame de broderie, elle est tout de même vêtue de cuir et de fer. Et puis il a beau n'avoir jamais croisé de femme dans son camp d'entraînement, ni dans les échauffourées sur le terrain, certaines s'en sont bien illustrées par le sang durant la campagne de Savoie, Armoria la première... Il est possible, nous disons bien possible, qu'elle soit compétente.

Dernier réflexe : Putain d'Ari ! Mais qu'est-ce qu'il fiche à rester statufié dans ses réflexions ? C'est là son maître-d'armes, hors donc, de part la considération qu'il a pour la hiérarchie militaire, il lui doit un respect sans faille, aveugle aux menus détails tels que son sexe ou la finesse de ses mains.

Brusquement donc, il se dé-roidit pour plier dans une révérence, l'épée s'élevant derrière lui au risque de renverser un vase précieux.

Eu... Votre Grasce.
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Héhé, pensa Gwen, la surprise était totale pour ce jeune garçon avec probablement ses idées toutes faites concernant la gente féminine. Elle lui tendit sa main droite, afin de voir s'il n'était pas dépourvu de bonne éducation.

Jeune homme, enchantée de faire votre connaissance. Je suis comme vient de le dire Son Altesse, votre nouvelle maître d'armes. Je suis chargée de terminer votre éducation guerrière, à cheval ou à pieds, à la hache, la lance, l'épée et l'arc, de façon à faire de vous un noble craint et respecté lors des tournois auxquels vous ne manquerez pas de participer.

Gwen détailla le jeune homme un instant, regarda Armoria, puis reprit :

Je devine votre surprise de vous trouver face à une femme quand elle s'agit de parler d'armes. Si d'aventure vous avez le moindre doute quant à mes compétences, je serais ravie de vous mettre une raclée dans la cour, dans la discipline de votre choix.

Gwen sourit malicieusement et attendit sa réaction...
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Gwenhwyvar uí Fergus, Duchesse de Brie, Baronne de Boissy-le-Châtel, Dame de Creil

Le garçon, la joue trouée d'une fossette, cueillit la main tendue pour y apposer un baiser protocolaire. Il lui sembla que cette peau-là était glaciale, il ne s'y attarda pas plus que ne l'ordonnait la politesse. Puis il croisa les mains dans son dos, évidement agacé par la pique qu'elle lui lançait de but en blanc.

Pour un maître-d'armes, vous êtes singulièrement sur la défensive.

Il constate, froid.

Je n'ai nul doute quant à vos compétences, dame. Mais il appert que vous êtes bien peu sûre des miennes. Aussi la petite passe d'armes que vous proposez, serait un bon moyen de vous prouver que l'on ne m'administre pas si facilement une raclée.

Sourire faussement aimable. Et un coup d'oeil à la Princesse, pour voir si elle approuve.
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Laquelle princesse suivait l'échange avec beaucoup d'attention. Elle apprécia à sa juste valeur la stratégie de Gwen. Enfin, la stratégie qu'elle subodorait : se positionner dans une rude camaraderie, donner quelques bonnes bourrades, entrer ainsi dans l'intimité du garçon, de telle sorte que lorsque surviendrait l'annonce faite à Aimbaud, le heurt serait sans doute moins vif.

Le coin droit des lèvres chantillesques se releva légèrement, et une lueur amusée passa dans son regard.

Il faut battre le fer tant qu'il est chaud, n'est-ce pas ?

Elle se leva et se dirigea vers la porte.

Je m'en vais vous guider à la salle d'armes. J'y tiens large choix, la salle est vaste.

Et de les mener jusqu'à une salle voûtée où se tenait aligné sur le mur du fond un attirail qui n'aurait pas fait rougir un mercenaire endurci.
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Fort bien, s'exclama Gwen, un peu d'échauffement nous fera du bien à toutes deux, s'adressant ainsi à Aimbaud, laissant volontairement libre cours à son accent irlandais*

Elle suivi Armoria jusqu'à la salle d'armes, non loin de son élève, tout en observant sa démarche. L'observation, voici la première leçon de vie. Bien observer, c'est bien apprendre à rester en vie, c'est jauger les dangers potentiels, et c'est inventer des solutions en cas de nécessité.

Arrivée sur place, elle se tourne vers Aimbaud et lui dit :

Mon jeune élève, je vous en prie, choisissez vos armes. Et montrez-moi ce dont vous êtes capable. Ce sera votre test d'aptitude. Et si vous avez l'occasion de m'en faire voir, n'hésitez pas le moins du monde, nous méritons toutes une bonne leçon de temps à autre, y compris moi si je vous ai sous-estimé.




*en gaélique, le neutre est féminin, et le féminin l'emporte sur le masculin au pluriel, d'où les fautes récurrentes de Gwen quand elle s'exprime avec son accent irlandais. Ne vous étonnez donc pas si elle sort des trucs comme : "elle pleut", ou encore "quelles belles guerrières" quand elle voit un groupe de guerriers dont au moins une femme ^^
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WOUUuuaaahh, aurait pu dire Aimbaud en entrant dans la salle d'armes, laquelle lui provoqua à peu près le même effet que pouvait ressentir Yolanda en entrant dans la magistrale boutique d'Ella Durée.
Ses jambes n'attendaient qu'un signal pour détaler jusqu'au mur des armes afin d'y peser les lames par leur fusée et d'en tâter le tranchant. En toute autre compagnie, il aurait effectivement laissé s'exprimer son enthousiasme par des sauts de cabri et des exclamations vives...
Mais là c'était différent. Il était jugé...
Et il sentait bien qu'il devait paraître le moins puérile possible.

Il alla d'un pas calme, tandis que la salle faisait raisonner le moindre des frottements sur les dalles. Consciencieusement, il choisit de déboucler le ceinturon de son fourreau et de tirer sa propre rapière de la gaine. C'était l'arme qu'il connaissait le mieux, il ne la quittait plus depuis le jour de ses quatorze ans où le baron de Digoine la lui avait offerte. Il pouvait à présent se targuer d'en connaître parfaitement les caractères, et si elle lui avait parut lourde et coriace dans les premiers temps, il se l'était ensuite très vite apprivoisée.

Si le maître d'armes était aussi habile qu'elle le laissait entendre, il valait mieux s'armer le plus sagement... Il eut un nouveau regard à sa Tutrice, vers laquelle instinctivement, il cherchait à deviner les pièges ou les embuches, sans savoir que c'était elle qui les tendait. Puis il tira sur le cordon de sa cape et ôta son chapeau, le tout tomba en tas dans un coin.

Faisant face à la Duchesse, bien campé en terre, il se fit la réflexion qu'elle parlait décidément un françoys étrange.

C'était la première fois qu'il allait se battre avec une femme. Du moins, il avait déjà roulé dans la boue avec quelque gueuse de taverne et échangé des baffes... Mais lutter contre une-telle, avec du métal coupant, ça... C'était la première fois.

J'ai choisi. Quand vous voudrez.
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Il avait pris sa propre épée. Excellent choix. Gwen n'aurait pas mieux choisi que son arme de prédilection si elle avait été à sa place.

Elle hésita à l'affronter à mains nues, mais ça aurait été dangereux, et en cas de victoire, humiliant. Ce n'est pas du tout ce qu'elle voulait. Elle jaugea la posture d'Aimbaud, vit qu'il se tenait campé sur ses jambes selon la plus élémentaire et la plus efficace des positions défensives. Celle qui permettait de frapper rapidement dès lors qu'une ouverture se présenterait.

La duchesse fit le tour de la grande salle, admirant les armes mises à sa disposition. Elle se saisit d'un glaive, puis d'une hache d'armes. Son assortiment favori. Soupesant le glaive en main gauche, tenant fermement la hache en main droite, elle avança vers son élève, à petite foulée assurées. Arrivée à quelques mètres, elle changea d'avis. Le combat ne serait pas esthétique ni même intéressant, face à une rapière. Après tout, elle n'était pas sur un champ de bataille à combattre les Anglois ou on ne sait quelle autre vile engeance. Elle se dirigea vers l'armurier du mur de senestre, posa le glaive et la hache d'arme à terre, et se saisit d'une rapière et de sa main gauche assortie. Elle fit quelques moulinets rapides, s'assurant qu'elle était à sa guise. Ces armes étaient magnifiquement équilibrées. La princesse avait là un arsenal absolument fabuleux.

Gwen se plaça à quatre pas d'Aimbaud, rapière légèrement en arrière, main gauche dressée en avant. Elle fit un signe de tête à Armoria, puis regarda le jeune homme droit dans les yeux.

En garde !!
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Gwenhwyvar uí Fergus, Duchesse de Brie, Baronne de Boissy-le-Châtel, Dame de Creil

Aimbaud observa les hésitations de la Duchesse concernant le choix des armes. Il se prit à sourire légèrement en se disant qu'elle avait beau être maître-d'armes, elle n'en perdait pas moins le caractère des femmes, à mettre toujours un temps infini pour procéder à leurs emplettes... Puis il se força à reprendre son sérieux et la suivit des yeux tandis qu'elle se mettait en place.

À son ordre, il se positionna ainsi que sa lame, levée en couronne. Là c'était l'instant qu'il aimait le moins dans un combat, celui où il devenait nerveux malgré-lui alors que rien n'était commencé, où flottait un énervement dans l'air autour de la question "T'attaque, t'attaque pas ?" qui s'agitait dans les esprits tandis que les pieds décrivaient des bougées infimes sur le sol. Un court silence au milieu de la pierre...

Et puis après tout, il était là pour prouver ses capacités à son nouveau maître, autant y aller franc et la surprendre.

Assez rapide, le pas vif, il s'élança à dextre en gagnant. Ses bras encore roides de n'avoir été échauffés, portaient souvent des coups brutaux en premier lieu, lesquels généralement s'affinaient et gagnaient en précision au fur et à mesure de l'effort, jusqu'au moment fatidique où sa jeunesse finissait par lui causer du tort, le laissant trop rapidement gagné par la fatigue.

Mais cette fois, conscient de ses faiblesses car il avait déjà pris de belles volées au contact de soldats expérimentés, il tenta de s'économiser en faisant montre d'une agressivité modérée. Il s'efforça de ne crisper les doigts qu'au moment de la frappe, épargnant ses articulations pour être en mesure de résister le plus longtemps qu'il serait nécessaire. Il était concentré comme pas deux...

Ainsi son fer tailla, et frappa celui de son maître en hauteur.
Premier battement.
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