--Le_vieux_gateux
Quelque part en Flandres, dans un petit village dont on a perdu le nom
Il y avait quelque part en Flandres, dans un petit village perdu au milieu des champs, une taverne. Quoi de plus normal qu'une taverne en Flandres ? Après tout, la bière y était la meilleure, et les tavernières accortes vous servaient avec le sourire... Ou avec des baleines.
Bref, il y avait une taverne flamande, dans un village flamand, au beau milieu des Flandres. L'établissement n'était ni le plus grand, ni le plus beau, ni le plus propre, mais le tenancier était honnête comme seuls les taverniers peuvent l'être. La bière y était bonne, l'ambiance chaude, et ses habitués peu loquaces. Sauf, peut-être, le vieux gâteux, celui qui aimait les histoires mais ne savait pas les raconter, celui qui aimait pousser les chansonnettes qu'il avait entendues. Le vieux gâteux, c'était ainsi que tous l'appelaient car nul ne connaissait son nom. Il radotait, il crachotait, bref, il faisait profiter tout le monde de son grand âge.
Par une belle après-midi, un groupe de jeunes gens du village entra dans la taverne pour s'hydrater le gosier. Le vieux gâteux dormait sur une table, visiblement plein comme une vache pleine. Ou peut-être rond comme un rond, l'histoire ne le dit pas. Les jeunes gens s'approchèrent de lui et le réveillèrent en sursaut. Il ouvrit les yeux, bougonna tout en attrapant sa canne.
Gran'Gaillasse ! Qu'est-c'qui s'passe ? Les anglois nous attaquent ? Sus à l'ennemi !
Il se rendit alors compte qu'il n'était plus sur un champ de bataille, mais dans une taverne au milieu de nulle part. Il vit alors les jeunes gens ricaner. Le vieux gâteau les menaça avec sa canne.
Sales morpions ! Aucun respect pour les aînés ! De mon temps on savait se t'nir, pour sûr ! Mais tout se perd, même le savoir-vivre. Tiens, ça m'fait penser à une ritournelle qu'j'ai entendu chanter tantôt par un ménestrel à la voix éraillée. Les vers étaient mauvais, mais tant pis.
Les jeunes levèrent les yeux au ciel, mais le vieux toussa, puis crachota et se mit à chanter:
Elle est à toi, cette chanson,
Toi le Baron, qui sans façons,
A collé à Doudou un pain
Alors qu'il ne te faisait rien !
Toi qui ne sait qu'être blessant,
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S'étonnaient de le voir chuter !
Ce n'était rien, qu'un bourre-tarin,
Mais il lui a échauffé le corps
Et dans son coeur il y est encore
A la manière d'un grand gadin !
Toi le Baron, quand t'partiras
Quand ton cheval t'emporteras
Qu'il te conduise à travers bois,
Bien loin de chez moi !
Elle est à toi cette chanson,
Toi la Comtesse qui sans façons
A invité tous les flamands
Qui te parlaient bien gentiment.
Toi qui aime les compliments,
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
Riaient de te voir minauder !
Ce n'était rien, qu'un parchemin,
Mais il a faire rire les flamands,
Et dans mon âme l'est nourrissant
A la manière d'un grand festin !
Toi la Comtesse quand tu dîn'ras
Quand la boustif' te gaveras,
Qu'elle te rappelle, si tu es mal
Le deuil royal.
Elle est à toi, cette chanson,
Toi l'étrangère qui sans façons
Donna des l'çons à ces flamands
Lorsqu'ils s'bécotaient dignement !
Toi qui n'a pas applaudi quand,
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S'mamouraient à en s'étouffer !
Ce n'était rien, qu'un grognement
Mais il m'a réchauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
Car c'était du mécontent'ment !
Toi l'étrangère si tu t'en vas
Si ton chemin t'éloigne de moi
Qu'il te conduise, s'il n'est cruel
Vers d'autres rituels.
Il y avait quelque part en Flandres, dans un petit village perdu au milieu des champs, une taverne. Quoi de plus normal qu'une taverne en Flandres ? Après tout, la bière y était la meilleure, et les tavernières accortes vous servaient avec le sourire... Ou avec des baleines.
Bref, il y avait une taverne flamande, dans un village flamand, au beau milieu des Flandres. L'établissement n'était ni le plus grand, ni le plus beau, ni le plus propre, mais le tenancier était honnête comme seuls les taverniers peuvent l'être. La bière y était bonne, l'ambiance chaude, et ses habitués peu loquaces. Sauf, peut-être, le vieux gâteux, celui qui aimait les histoires mais ne savait pas les raconter, celui qui aimait pousser les chansonnettes qu'il avait entendues. Le vieux gâteux, c'était ainsi que tous l'appelaient car nul ne connaissait son nom. Il radotait, il crachotait, bref, il faisait profiter tout le monde de son grand âge.
Par une belle après-midi, un groupe de jeunes gens du village entra dans la taverne pour s'hydrater le gosier. Le vieux gâteux dormait sur une table, visiblement plein comme une vache pleine. Ou peut-être rond comme un rond, l'histoire ne le dit pas. Les jeunes gens s'approchèrent de lui et le réveillèrent en sursaut. Il ouvrit les yeux, bougonna tout en attrapant sa canne.
Gran'Gaillasse ! Qu'est-c'qui s'passe ? Les anglois nous attaquent ? Sus à l'ennemi !
Il se rendit alors compte qu'il n'était plus sur un champ de bataille, mais dans une taverne au milieu de nulle part. Il vit alors les jeunes gens ricaner. Le vieux gâteau les menaça avec sa canne.
Sales morpions ! Aucun respect pour les aînés ! De mon temps on savait se t'nir, pour sûr ! Mais tout se perd, même le savoir-vivre. Tiens, ça m'fait penser à une ritournelle qu'j'ai entendu chanter tantôt par un ménestrel à la voix éraillée. Les vers étaient mauvais, mais tant pis.
Les jeunes levèrent les yeux au ciel, mais le vieux toussa, puis crachota et se mit à chanter:
Elle est à toi, cette chanson,
Toi le Baron, qui sans façons,
A collé à Doudou un pain
Alors qu'il ne te faisait rien !
Toi qui ne sait qu'être blessant,
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S'étonnaient de le voir chuter !
Ce n'était rien, qu'un bourre-tarin,
Mais il lui a échauffé le corps
Et dans son coeur il y est encore
A la manière d'un grand gadin !
Toi le Baron, quand t'partiras
Quand ton cheval t'emporteras
Qu'il te conduise à travers bois,
Bien loin de chez moi !
Elle est à toi cette chanson,
Toi la Comtesse qui sans façons
A invité tous les flamands
Qui te parlaient bien gentiment.
Toi qui aime les compliments,
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
Riaient de te voir minauder !
Ce n'était rien, qu'un parchemin,
Mais il a faire rire les flamands,
Et dans mon âme l'est nourrissant
A la manière d'un grand festin !
Toi la Comtesse quand tu dîn'ras
Quand la boustif' te gaveras,
Qu'elle te rappelle, si tu es mal
Le deuil royal.
Elle est à toi, cette chanson,
Toi l'étrangère qui sans façons
Donna des l'çons à ces flamands
Lorsqu'ils s'bécotaient dignement !
Toi qui n'a pas applaudi quand,
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S'mamouraient à en s'étouffer !
Ce n'était rien, qu'un grognement
Mais il m'a réchauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
Car c'était du mécontent'ment !
Toi l'étrangère si tu t'en vas
Si ton chemin t'éloigne de moi
Qu'il te conduise, s'il n'est cruel
Vers d'autres rituels.