Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

V-Confédération Helvétique / Sion fin Mars 1459

--Brunehault
Pas besoin qu'elle disait... Si elle se voyait, si seulement elle pouvait se voir, avec ses braies et sa chemise tachées, ses cheveux gras et emmêlés, sa mine de déterrée, les joues creuses de n'avoir pas mangé depuis des jours... Même ses jolies taches de rousseur s'étaient éteintes.

La vieille commençait à s'affoler, elle ne pouvait décemment pas attacher Shirine pour lui mettre la nourriture dans le bec! Elle soupira, refusant de lutter contre la rouquine... Elle n'en avait pas la force.

Nouveau pigeon, nouvelle réponse, elle espéra la dernière...


Citation:
Je serai a la taverne municipale de Sion, demandez moi, l'aubergiste me connè, je vous expliquerai tou a ce moment la, inutil de vous inquiété davantage.

Brunehault


C'était succinct, elle ne se sentait pas capable de tout expliquer par écrit, il devrait faire avec...
--Glover
Enfin, un message à Grandson.

Le maitre des postes est un homme affable. Il connait déjà Glover qui est venu plusieurs fois s'enquerir d'un courrier qui est enfin là. Sitot qu'il le voit, il lui fait signe.

Le combattant helvète déroule le message et lit. Il est court. Sans lever la tête il murmure :


Avez vous des nouvelles des routes vers Sion? Y a t-il moyen de passer?

L'homme qui lui fait face prend aussitôt un air soucieux

Les croisés, maudits soient ils, ne sont plus devant Sion. On dit qu'ils sont à Fribourg! Peut être iront ils dès demain vers Genève et empecheront ils les voyageurs de passer. Ou alors viendront ils attaquer Grandson?

Glover regarde son interlocuteur

N'aie crainte. Ils sont comme une meute qui erre sans but. Grandson n'est pas leur destination. Les notres auront tôt fait de les débusquer et de leur faire regretter leurs plaines.

Son devoir serait de rallier les armées de la confédération. Mais il a quelque chose d'important à faire. Qui surpasse tout.

Il s'est mis aussitot en route. Lausanne n'est plus qu'un tas de ruines qu'il traverse.

Obliquant vers le sud est, il va au plus court, pariant qu'il ne rencontrera pas d'ennemis.

Le troisième jour, le voyageur passe les portes de sa ville de destination. Un passant lui indique le lieu de l'adresse qu'il cherche.

Couvert de poussière, il pousse la porte de l'auberge et porte un regard circulaire dans la grande pièce. Peu de monde. Quelques hommes. Une ou deux femmes. Des prostituées sans doute.

Et une personne agée assise à une table. Il se dirige vers elle.


Bonjour l'ancienne. Es tu Brunehault? Et sinon sais tu ou je peux trouver une femme répondant à ce nom?

Je me nomme Glover, et j'ai fait un long voyage...


Il n'en dit pas plus. L'angoisse, oubliée jusqu'ici du fait de la fatigue l'étreint à nouveau. Il va bientôt savoir.
--Brunehault
La vieille femme avait profité du sommeil de Shirine pour descendre dans la salle principale afin de prendre un repas. Il n'y avait presque personne et elle n'eut pas à attendre longtemps avant de se retrouver avec une assiette devant elle. A peine eut elle fini, qu'elle se fit aborder. Relevant la tête, elle avisa l'homme qui se présentait et le laissa s'exprimer.

Et bien jeune homme, commencez par vous asseoir et manger quelque chose, vous devez être affamé...

La vieille fit signe à l'aubergiste non loin qui avait du l'entendre.

Je suis ravie de vous voir et navrée de vous avoir fait faire ce chemin. Je ne savais à qui m'adresser... Shirine est une pierre tombale en ce qui la concerne...

Elle fit une pause et détailla Glover. Elle l'avait imaginé plus jeune, moins homme. C'était mieux ainsi, à première vue, Shirine serait en sécurité avec lui. Le repas arriva, accompagné d'une grande chope de bière. Brunehault remercia l'homme d'un signe de tête et sourit pour la première fois à son vis à vis.

Bien... Je vous avais promis des explications...

Elle prit une grande inspiration.

Je suis Brunehault, guérisseuse d'Annecy. Il y a deux mois, Shirine est venue chez moi. Elle se disait malade, avec des nausées. Il est vrai qu'elle était pâle et faible.

Elle écarta son assiette vide.

Mais elle n'avait pas de fièvre et j'ai tout de suite su qu'elle attendait un enfant depuis environ un mois. Elle a accusé le coup: ce bébé n'était pas désiré, elle ne s'y attendait pas du tout. Je lui ai donné de quoi apaiser ses nausées et je lui ai demandé d'arrêter l'alcool et de ne pas faire de folies...

La vieille se racla la gorge.

Je pense qu'elle ne m'a pas écouté. Il y a quelques jours j'ai décidé de prendre de ses nouvelles. Lorsqu'elle m'a dit qu'elle était à Sion, j'ai décidé de faire le chemin... J'ai bien fait, mais je suis arrivée trop tard. Même si je ne suis pas certaine que j'aurais pu éviter sa fausse couche.

Elle soupira et pencha un peu la tête en observant la réaction de son interlocuteur.

Elle vient de perdre son bébé mais elle se persuade qu'il est en vie et berce un enfant imaginaire. Cela peut arriver, après un choc violent pour quelqu'un, de refuser la vérité et de s'inventer une réalité moins douloureuse.

Elle fit une longue pause, pour lui laisser le temps de tout digérer.

Vous la connaissez depuis longtemps?
--Glover
Glover s'est assis en face de la vieille femme. Elle a les traits rudes, ceux d'une personne que la vie n'a pas épargné.
Ses traits sont austères. Pourtant au fond de ses iris danse une lueur bienveillante. Le sourire qu'elle laisse enfin apparaitre illumine son visage ridé et confirme l'impression.

L'aubergiste emmène alors un plat qu'il commence à engloutir. Ce faisant il écoute attentivement Brunehault.

Une lassitude immense s'empare de lui. Glover pousse l'assiette et cache son visage dans ses mains. A nouveau les pensées tournent dans sa tête, se téléscopent et semblent s'écraser contre les parois de son crâne.

Il reste ainsi quelques minutes, puis parle.


Je connais Shirine depuis une année à peu près... Nous avons longtemps cheminé côte à côte...

Nous étions seulement compagnons de route. Mais vers la fin...


Il lève alors la tête et regarde la femme assise en face de lui.

Il est possible que je sois le père de l'enfant

Un instant pendant lequel son regard fixe un point invisible, au dessus de la tête de Brunehault. Puis :

Je ne sais rien d'elle à vrai dire. Rien de son passé, et bien peu de son présent.
Elle n'aime pas évoquer tout cela. Moi non plus, nous étions donc tacitement d'accord.

La seule chose que je sache c'est qu'elle fait parfois des cauchemars, et qu'il est alors question d'une Chloé. Elle n'a jamais voulu m'en dire davantage. Je ne sais pas si elle vous en a parlé...

J'ignorais qu'elle attendait un enfant.


Il déglutit péniblement

Est elle devenue folle? Que puis je faire
--Brunehault
Il y eut un long moment de silence. Les conversations alentours allaient bon train, mais Brunehault ne quittait pas son interlocuteur des yeux, comme si elle pouvait par ce fait sonder son âme...

Elle le laissa s'exprimer, il sembait perdu et confus.

Chloé? Non elle ne m'a rien dit à ce sujet... Peut-etre est-ce une soeur, ou une proche...

Si Glover n'avait rien appris en un an au sujet de Shirine, comment aurait-elle pu en savoir davantage en deux mois...?

Pour ce qui est de sa folie... Elle n'est pas irrémédiable... Souvent les gens importants ont un pouvoir capital sur la guérison. Si en plus vous êtes le père et qu'elle le sait...

La vieille haussa les épaules.

Cela pourrait déclencher son retour à la réalité. Voulez-vous la voir maintenant?
--Glover
Son esprit était confus. La tension des combats, la fatigue du chemin et désormais savoir Shirine en si mauvais état.

Il était comme dans un brouillard dont il n'était pas sur qu'il sortirait un jour


Non, pas Chloé... c'était Zoé... je ne sais plus... je ne suis plus sur de rien. Oui, je veux voir Shirine. Emmenez moi à elle


[C'est un peu court jeune homme.. Veuillez étoffer un peu, cf les règles d'or - Merci et bon jeu. Modo Alix]
--Brunehault
Il n'y avait plus grand chose à dire. Il était venu jusqu'ici pour la voir elle et cela ne souffrait pas davantage d'attente. La vieille se leva doucement et lui fit signe de la suivre. Elle monta à l'étage et ouvrit la porte de la chambre sans ménagement.

La rouquine était assise sur son lit et lui adressa un regard interloqué.


Fais pas attention à moi, je repars.

La vielle rassembla ses rares affaires sans un mot de plus et passa devant Glover dans l'encadrure de la porte qui se tenait droit comme un i. Elle saurait surement plus tard le dénouement de l'histoire...

Brunehault s'éloigna pour redescendre et aller demander à l'aubergiste de faire préparer un bain incessamment sous peu. Shirine risquait d'en avoir besoin...
Shirine
Le temps qui file n'est pas un souci pour la rousse. Cela fait des jours, peut-être même des semaines, qu'elle est ici et ne sort plus, pourtant il lui semble que son fils est né hier... Enfin... Il lui semble? Non, à dire vrai elle s'en contre-fiche!

Elle dort quand elle en a envie, sans se soucier de la course du soleil, ne mange et ne boit que si elle en ressent le besoin, et n'apprécie pour toute toilette qu'un simple linge imbibé d'eau fraîche passé sur le corps...

Le reste de son temps est dédié à son bébé. Lui seul compte. Même la vieille Brunehault commence à la gêner. Et en parlant d'elle, la voilà qui fait irruption dans la pièce, sans frapper, comme si elle était chez elle, au moment ou Shirine se redresse pour quitter son lit.


Fais pas attention à moi, je repars.

La Sicaire fronce les sourcils, irritée et ouvre la bouche pour lui sortir un reproche... qui se trouve coupé en plein élan lorsqu'elle aperçoit la silhouette familière qui suit la vieille guérisseuse. La rousse se fige et ferme la bouche. Elle se sent soudain terriblement mal à l'aise et se lève brusquement, passant une main furtive dans les cheveux puis l'autre sur ses vêtements pour les défroisser. Comme si, pour une fois, elle se souciait de sa tenue devant lui...

Brunehault sort et ferme la porte. Le duo se regarde sans un mot puis Shirine ose esquisser un léger sourire.


Je... n'pensais pas que tu viendrais...

Elle fait quelques pas, hésitante, baisse la tête et finit par se planter devant lui, timide et effarouchée. Elle commence par lui prendre les mains puis le regarde, le lâche pour lui caresser la joue, puis le cou, les épaules et redescend le long de ses bras pour glisser à nouveau ses mains dans les siennes...

Tu es venu pour notre bébé?
_________________
.
--Glover
Contracté, il voit Brunehault s'effacer de l'encadrement de la porte et lui laisser le passage.

Le moment pour lequel il est venu, attendu et redouté est là. Il a grand peine à reconnaitre la silhouette qui s'avance vers lui.

La flamboyante chevelure est désormais terne, le visage blafard.

Pétrifié, Glover regarde s'avancer Shirine vers lui et constate de visu l'étendue du désastre. Il comprend la hate qu'avait la guerisseuse de le faire venir.

Il ne la quitte pas des yeux. Elle s'approche et le touche. Il retient son souffle.


Je... n'pensais pas que tu viendrais...

Sur sa peau, les mains de Shirine produisent un effet étrange et ennivrant. Elle parle encore

Tu es venu pour notre bébé?

Glover revient alors à la réalité. Pendant tout son périple il a dialogué avec elle, lui disant ce qu'il avait à dire de cent manières différentes. Mais maintenant qu'elle est devant lui il s'aperçoit qu'il n'était pas préparé à cela.

Etrangement pourtant le sicaire n'hésite pas sur la démarche à avoir. Il dégage sa main droite et la porte sur la joue de Shirine, lui faisant ainsi lever le visage vers le sien. Il tente un pauvre sourire qui se voudrait rassurant


Oui Shirine, je suis venu. Brunehault m'a écrit et m'a dit... J'ai traversé les montagnes et la guerre.
Pour toi.

Je t'avais dit jadis que je ne t'abandonnerai pas. Alors je suis là. Là parce que tu as besoin de moi et aussi parce que j'avais besoin de te voir.


Il a parlé avec son coeur. Mais le sicaire n'avait pas le choix. Maintenant il doit faire le plus difficile, ce pour quoi il n'a jamais été préparé et qu'il n'a jamais su faire. Il ramène la tête de la jeune femme contre sa poitrine et la serre doucement contre lui.

Nous avons donc eu un bébé...

Il s'interrompt et les larmes montent à ses yeux. il ne se souvient pas de la dernière fois ou il a pleuré. Sans doute quand enfant il était victime d'une injustice et que sa sensibilité exacerbée exprimait sa colère dans les pleurs de rage.

Glover refoule l'émotion qui le noue et dit doucement, dans un souffle


Shirine, il n'y a plus de bébé...

A ce moment il mesure combien les années d'errance ont modelé sa manière de s'exprimer. Celle ci est devenue brutale, axée sur la nécessité immédiate.

Il pense soudain qu'il devra demander aux érudits ou vont les ames des enfants. Le Sicaire espère de tout son coeur qu'elles ne sont pas promises aux limbes des Aristotéliciens hortodoxes.

Seaux de pluie, seaux de larmes qui l'assaillent à nouveau.
Shirine
Le voir est un vrai soulagement. La rousse entrevoit un avenir plus simple, peuplé de tout ce qu'elle n'a jamais eu et qu'elle a toujours rêvé d'avoir. Elle savoure la main de Glover sur sa joue et le regarde, l'écoute.

L'entendre dire qu'il est là pour elle et qu'il avait besoin de la voir achève de la rassurer. Elle ne peut retenir un un large sourire, qui disparait contre son coeur. Elle l'écoute battre et ferme les yeux. Elle sent les vibrations de sa voix lorsqu'il reprend la parole puis se dégage doucement, fronçant les sourcils. Un peu perplexe de sa dernière phrase, elle ne s'y attarde pourtant pas.


Il est là Glover...

Elle montre d'un petit mouvement de tête le lit.

Et toi aussi tu es là. On va pouvoir être heureux maintenant. Tous les trois. Nous allons partir et nous installer quelque part où nous serons bien. J'aimerais aller à Castelnaudary, c'est là que je suis née ! Qu'en penses-tu ? Et toi tu es né où ? Où aimerais-tu aller ? Un endroit où nous serons tranquille pour élever notre fils, qui sera heureux avec ses deux parents...

Elle sourit, sincère, excitée à l'idée de ce qui les attend. Son coeur bat la chamade. Elle veut se serrer contre lui, l'embrasser même, mais se contient, songeant qu'il leur faut en premier lieu parler avenir... Après, elle pourra se laisser aller à tout l'amour qu'elle a pour lui.
_________________
.
--Glover
Un soupir...

Puis regard vers Shirine à nouveau. Est ce donc cela la folie? Est ce gouffre qu'il entrevoit et vers lequel il se sent aspiré?

Puis d'un ton déterminé il s'adresse à la rousse


Ne bouge pas d'ici, je reviens!

En effet, quelques minutes après avoir quitté la pièce il est de retour, portant une petite bassine plein d'eau et un linge.

Il attire la jeune femme vers lui et lui enlève son vetement sale. Glover lui sourit et lui souffle doucement


Jolie rousse, laisse moi voir si sous toute cette crasse il y a toujours la petite fleur des montagnes que j'ai cotoyé jadis

Mouillant le linge, il le frotte sur ce corps négligé qu'il a du mal à reconnaitre.

Son esprit ne cesse de penser à ce qu'il va faire après, mais il a du mal à trouver la moindre solution. Il sait seulement qu'il ne peut la laisser dans cet état.

Le contact de la peau sur ses mains lui rappelle les sensations qu'il ne ressentait plus depuis trop longtemps .
Il sourit enfin. Son désir pour elle est toujours là.

C'est au tour des cheveux, qu'il mouille abondament et tord.

Une fois terminé, il jette un coup d'oeil à l'eau contenue dans le récipent et grimace devant sa saleté.

Enfin, se tournant vers la Sicaire il lui dit


Tu es toujours aussi charmante sans vetements. Mais tu devrais peut être en mettre un. Nous avons à parler
Shirine
Se laisser faire...

Pour le moment, elle se laisse faire, elle le laisse faire. Comme si le laisser la déshabiller, lui passer ce linge humide sur tout le corps faisait partit d'un rituel avant la réponse à ses questions. Elle reste immobile et silencieuse telle une statue, pendant qu'il exécute ses gestes. A la fois là et ailleurs, elle l'observe s'activer sur sa peau et ses cheveux.

Sans le quitter des yeux, une profonde mélancolie l'envahit. Elle sent que quelque chose ne va pas. Sinon, si tout allait bien, pourquoi n'avait-t-il pas répondu? Pourquoi ne lui avait-t-il pas dit tout de suite qu'il les suivrait jusqu'au bout du monde? Qu'il les protègerait quelques soient les dangers? Que rien ne pourrait plus jamais les séparer?


Tu es toujours aussi charmante sans vetements. Mais tu devrais peut être en mettre un. Nous avons à parler

C'est à ce moment précis qu'elle prend sa décision.

Quelques secondes passent pendant lesquelles elle le regarde droit dans les yeux, sans ciller, pale comme un fantôme puis hoche la tête. Très lentement elle se retourne et ouvre son sac pour en sortir une robe de laine grise. Un vêtement qu'elle n'a du mettre qu'une seule fois, un soir où Kartouche l'avait invitée dans son bureau à Limoges, à l'époque où elle y vivait aussi. Elle y avait croisé Sanctus...

Elle enfile la robe au décolleté carré et aux manches évasées, sans mettre de sous-vêtement au préalable. Le moment est important, sans doute tient-elle à ce qu'il la voit au moins une fois féminine avant qu'il ne puisse plus jamais l'admirer. Pourtant, elle se tourne vers lui sans un sourire. Puis avance vers le fond de la pièce, de l'autre côté du lit, où elle a laissé ses armes.


Pourquoi tu ne réponds pas à mes questions Glover? Pourquoi tu les évites?

Elle se baisse et ramasse son poignard, laissant ses yeux s'attarder sur le blason familial qui y est gravé.

Tu ne veux pas venir avec nous?

Elle se retourne pour lui faire face, les bras le long de son corps, la main serrée sur la garde de sa petite arme. Jamais sans doute ne sait-elle tenue si droite. En tout cas, elle en a l'impression. Elle est calme et sereine, elle sait ce qu'elle a à faire, et elle n'a pas peur...

A aucun moment ses émeraudes ne quittent les yeux du Sicaire. Sa lèvre tremble légèrement et une larme coule sur sa joue. Seule petite vague sur l'océan de larmes qu'elle aurait aimé laisser s'échapper.


Je croyais que tu m'aimais... Je me suis dit que peut-être j'y arriverais aussi... Un jour... A t'aimer...

Un long silence s'installe. Il ne dit rien, peut-être n'a-t-il rien à dire? Pourquoi n'a-t-il rien à dire?!

Alors, comme si elle venait de recevoir un violent coup de fouet, elle fléchit les jambes et se jette sur lui poignard en avant.

_________________
.
--Glover
Il a fini et ils se regardent. Longuement. Le visage de Shirine est indéchiffrable.

Mal a l'aise, Glover garde le silence pendant que la jeune femme s'éloigne et enfile une robe. Il a du mal à trouver les mots qui sauront lui faire voir la réalité en lui faisant le moins de mal possible.

Son silence gêné est interrompu par une question.


Pourquoi tu ne réponds pas à mes questions Glover? Pourquoi tu les évites?

Il s'humecte les lèvres. Que répondre. Elle enchaine après avoir ramassé quelque chose qu'il a du mal à discerner.

Tu ne veux pas venir avec nous?

Au moment ou elle se retourne il voit ce qu'elle tient en main. Muet de stupeur il est hypnotisé par la lame brillante. Le monologue halluciné de la Rousse se poursuit sans qu'il n'arrive à lui répondre.

Une seule pensée le hante : elle va se plonger le poignard dans les entrailles. Il se trompe, mais il ne le sait pas encore.
C'est à lui qu'est destiné le coup mortel.

Ses réflexes de soldat ne sont pourtant pas éteints par la fatigue. Lorsqu'elle se détend et tente de le frapper, il saute désésperément de coté et arrive à éviter la courbe métallique qui le rate de justesse.

Adossé au mur qui soutient la fenêtre, il a un regard rapide vers son armement : il est de l'autre coté de la pièce. Shirine est entre lui et sa sica, et elle est trop habile pour rater son coup une deuxième fois. Quand bien même, il est hors de question de lui faire du mal.

Il étend sa main, paume en avant et doigts largement écartés


Shirine, il faut que tu m'écoutes...

Sa bouche est soudain desséchée et sa langue pateuse. Il a du mal à articuler.

Shirine, je t'ai écrit mes sentiments... range ce poignard, nous avons des choses importantes à nous dire...

Il essaie de reprendre son souffle peu à peu et fixe ce regard ou luit la folie de celle qui fut son amante. Il réalise enfin ce qu'elle lui a dit. Elle aurait pu l'aimer... Ce n'était donc pas le cas.

Son visage se durcit et il dit d'un ton plus ferme


Shirine, tu dois m'écouter!

Etre à nouveau maitre de son destin
Shirine
Qui veut vivre pour toujours...?


Hurlement de rage lorsqu’elle rate sa cible. Elle reprend rapidement son équilibre pour se retourner face à lui. Il lui fallait frapper à nouveau sans attendre. Qu'il ne puisse pas trouver une parade et lui échapper. Elle doit frapper, encore et encore sans relâche. Il ne sortira de cette pièce que vidé de son sang.

La crinière de feu vole et Shirine s'immobilise devant lui. Elle veut frapper mais sa main tendue et ses paroles la font hésiter quelques secondes. Elle le regarde et tente d'analyser ce qu'il dit. Comme un chien essayant de comprendre ce que lui dit son maitre, elle penche la tête. Son regard sombre ne quitte pas les yeux du Sicaire et elle décrispe ses doigts un par un de la garde de son poignard pour mieux reprendre ce dernier en main.


Des choses importantes à dire...articule-t-elle tout haut pour elle-même.

Elle se tait un instant pour organiser ses idées et repositionne sa tête droite. Sans pour autant cesser de le menacer de son arme, elle finit par prendre la parole avec une étrange sérénité.


Quelles choses importantes aurions-nous à nous dire? Pourquoi devrais-je t'écouter? Dois-je te laisser ouvrir la bouche pour me servir le discours que je veux entendre? Mais que tu ne penses pas? Dois-je te laisser dire ce que tu m'as écrit?

Un rire moqueur s'échappe de ses lèvres.

Et après? Il faudra que je te crois sur parole n'est-ce pas? Que je te sois dévouée et fidèle? Pendant que tu iras t'amuser avec la première ribaude venue? Jusqu'au jour où las, tu quitteras ton foyer et abandonneras ta famille.

Puis dans un souffle...

Comme les autres avant toi...

Sa main armée se relève un peu plus, tremblante et elle s'avance.

Je préfère encore que tu crèves plutôt que de supporter ça!

C'est pourtant sans conviction et faible qu'elle fait les derniers pas qui la séparent de Glover. Incapable de lui donner le coup de grâce, son poignet s'échoue dans la main du Sicaire. Elle plonge ses émeraudes dans les yeux de son ancien compagnon de route et y cherche désespérément quelque chose qui pourrait faire susciter chez elle davantage de haine envers lui. Ce qui lui manque pour achever son geste. Pour l'empêcher de réaliser ce qu'elle prédit, ce qu'elle craint...

"Mais je demande en vain quelques moments encore, le temps m'échappe et fuit..."*

Dans un soupire de lassitude, Shirine ouvre sa main et laisse tomber son arme.


Va t'en... avant que je ne change d'avis...


* "Le lac" d'Alphonse de Lamartine

_________________
.
--Glover
Le rire sans joie de la jeune femme a résonné dans sa tête, lui faisant plus de mal que ne lui en aurait fait la lame.

Un tourbillon de démence s'est abattu sur sa vie. Hélas, celle ci semble hors de tout contrôle et il essaie désespérément de trouver une lueur qui lui indiquerait la voie à suivre.

La tension est tombé, comme le poignard de la Sicaire. Il a soudain trés mal à la tête. Il doit encore essayer. Une dernière fois.

La voix lasse, il parle


Shirine, Je ne connais rien de ton passé, comme tu ne connais pas le mien. Je ne sais pas ce que tu as vécu, mais je ne suis pas comme tu sembles le croire.


Je suis venu pour toi. A travers la guerre, et les éléments. Tu as devant toi le même qui a cheminé à tes cotés.

Je n'ai que ma tendresse à te donner. Je n'attends de toi rien de plus.


Glover s'arrête un instant et ferme les yeux. Puis il poursuit.

Il est vrai que j'ai révé pouvoir t'avoir pour compagne. Mais je sais ce qu'est notre vie, qui fait que nous sommes bien souvent séparés.

Que m'importe que dans ces moments ce soit auprès d'un autre que tu trouves du réconfort si tes pensées les plus profondes sont auprès de moi...


Il ré-ouvre les yeux et la regarde

C'est la Shirine indomptable et n'appartenant à personne que j'aime. Je n'ai pas de propriété et je ne veux pas en avoir sur toi.

Tout comme je ne veux pas que l'on en ait sur moi. C'est libres que je nous veux.


Il tend la main vers elle

Laisse moi t'aider... Si vraiment tu ne veux pas de moi, je disparaitrais à jamais de ta vie

Il dit, et les battements de coeur s'egrennent, semblant battre la mesure de l'eternité

Et tout ce qui n'est pas dit et qui devrait l'être...
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)