Erwelyn
Silencieuse, la mainoise trotte doucement sur Tralala, Poneybouboule gentiment attaché à une longe et suivant le rythme du petit groupe. Sur le bout de ses doigts, elle compte. Un mois, deux mois, trois mois... jusqu'à arriver à neuf, voire dix facile. Cela fait trop longtemps maintenant qu'elle est censée se trimbaler un polichinelle dans le tiroir et il lui semble que cela fait une éternité que ce faux ventre confectionné par sa chambrière la pèse. Son dos en souffre même, à force. Elle a également dû essayer de prendre du poids pour faire diversion.
Mais là, Lynette sature, et de toute façon, il est grand temps de songer à cette naissance.
Quittant enfin le Périgord et commençant à traverser le Poitou, le poids pesant sur ses épaules après l'attaque de l'armée périgourdine se relâche peu à peu. Ces mauvais souvenirs sont derrière eux. Karyl et Ygerne vont mieux, malgré les séquelles qu'ils gardent tous deux de leurs blessures. Voir s'éloigner les murs d'Angoulême est alors un soulagement profond. Au fond d'elle, elle prie ardemment pour que jamais ses pas ne la ramènent dans ce comté maudit, qui par deux fois a fait tomber des amis proches.
Le temps est donc à songer à des choses plus légères. Enfin légères... y avait quand même un bébé à gérer dans l'histoire. Quant à l'homme censé être le père, par chance, voilà qu'il ne donnait plus signe de vie depuis des mois. Ce qui soulageait largement la mainoise. Encore un peu, et plus personne n'oserait parler de lui de peur de toucher la corde sensible et de lancer un sujet qui fâche. C'est vrai quoi, une femme enceinte, non mariée, qui se retrouve avec un promis absent, ça fait mauvais genre. Ou plutôt, ça fait pitié.
Et à bien y réfléchir, Lynette préférait faire pitié plutôt que de se retrouver mariée à Vaxilart. Elle n'avait cure de ce qui avait bien pu lui arriver. Qu'il se terre, qu'il ait fini blessé à la guerre, ou qu'enfin il ait pris une fillette en épousailles, pourvu qu'il ne donne plus signe de vie ! Elle pourrait même faire croire qu'une lettre annonçant sa mort était parvenue jusqu'à elle, ce qui justifierait enfin qu'on la laisse tranquille avec ces histoires de mariage.
Mais avant, il fallait s'occuper du bébé... Ygerne lui avait donné plusieurs idées, mais la seule qui avait retenue réellement son attention était franchement la plus glauque et la plus difficile à organiser. Et tout ça sans éveiller les soupçons des ponettes, dont la liste de mensonges déballés par Lynette dépassait l'entendement ces derniers mois. Arrivée en Normandie, il lui faudrait vraiment aller à confesse, et elle avait déjà en tête la personne qu'elle irait voir. Ben ouais, fallait pas tout balancer à n'importe qui non plus... s'agirait pas qu'elle tombe sur un curé qui la fasse chanter avec des péchés longs comme le bras.
Perdue dans ses pensées, son regard tomba sur la chevelure d'Ygerne, à côté de celle plus blonde de celle de Karyl. La jeune femme était la seule à être au courant pour cette histoire de bébé. Pour cela, elle avait du lui faire croire que promis ! - elle ferait un vrai mioche avec le duc une fois le mariage célébré. Un mensonge de plus ou de moins, au point où elle en était...
Ygerne, donc, la seule qui pourrait l'aider à ce jour.
Chemin faisant, la mainoise essaya de mettre au point tous les détails nécessaires. D'ici quelques jours, leurs pas les mèneraient en Anjou, duché de tous les excès, de tous les vices, des coups tordus et des esprits les plus vicieux. Quoi de mieux pour réaliser son plan que cette terre fertile.
Talonnant légèrement Tralala, Lynette arriva à la hauteur de sa chambrière, assise tranquillement dans la charrette aux côtés du garçon. Essayant de ne pas éveiller les soupçons, c'est d'une humeur joyeuse qu'elle lui demanda de s'installer sur son poney afin de faire route ensemble.
Ygerne ! J'ai quelque chose à mettre au point avec toi pour euh... cette nouvelle robe que je souhaite m'offrir !
Tiens, tu peux même monter Poneybouboule si tu veux, avec mon gros bide, on tiendra pas à deux sur Tralala.
Grand sourire, cheveux de Karyl ébouriffés et regard appuyé à la rouquine. Bon tu viens oui ?
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*Une Corleone peut en cacher plein d'autres*
Mais là, Lynette sature, et de toute façon, il est grand temps de songer à cette naissance.
Quittant enfin le Périgord et commençant à traverser le Poitou, le poids pesant sur ses épaules après l'attaque de l'armée périgourdine se relâche peu à peu. Ces mauvais souvenirs sont derrière eux. Karyl et Ygerne vont mieux, malgré les séquelles qu'ils gardent tous deux de leurs blessures. Voir s'éloigner les murs d'Angoulême est alors un soulagement profond. Au fond d'elle, elle prie ardemment pour que jamais ses pas ne la ramènent dans ce comté maudit, qui par deux fois a fait tomber des amis proches.
Le temps est donc à songer à des choses plus légères. Enfin légères... y avait quand même un bébé à gérer dans l'histoire. Quant à l'homme censé être le père, par chance, voilà qu'il ne donnait plus signe de vie depuis des mois. Ce qui soulageait largement la mainoise. Encore un peu, et plus personne n'oserait parler de lui de peur de toucher la corde sensible et de lancer un sujet qui fâche. C'est vrai quoi, une femme enceinte, non mariée, qui se retrouve avec un promis absent, ça fait mauvais genre. Ou plutôt, ça fait pitié.
Et à bien y réfléchir, Lynette préférait faire pitié plutôt que de se retrouver mariée à Vaxilart. Elle n'avait cure de ce qui avait bien pu lui arriver. Qu'il se terre, qu'il ait fini blessé à la guerre, ou qu'enfin il ait pris une fillette en épousailles, pourvu qu'il ne donne plus signe de vie ! Elle pourrait même faire croire qu'une lettre annonçant sa mort était parvenue jusqu'à elle, ce qui justifierait enfin qu'on la laisse tranquille avec ces histoires de mariage.
Mais avant, il fallait s'occuper du bébé... Ygerne lui avait donné plusieurs idées, mais la seule qui avait retenue réellement son attention était franchement la plus glauque et la plus difficile à organiser. Et tout ça sans éveiller les soupçons des ponettes, dont la liste de mensonges déballés par Lynette dépassait l'entendement ces derniers mois. Arrivée en Normandie, il lui faudrait vraiment aller à confesse, et elle avait déjà en tête la personne qu'elle irait voir. Ben ouais, fallait pas tout balancer à n'importe qui non plus... s'agirait pas qu'elle tombe sur un curé qui la fasse chanter avec des péchés longs comme le bras.
Perdue dans ses pensées, son regard tomba sur la chevelure d'Ygerne, à côté de celle plus blonde de celle de Karyl. La jeune femme était la seule à être au courant pour cette histoire de bébé. Pour cela, elle avait du lui faire croire que promis ! - elle ferait un vrai mioche avec le duc une fois le mariage célébré. Un mensonge de plus ou de moins, au point où elle en était...
Ygerne, donc, la seule qui pourrait l'aider à ce jour.
Chemin faisant, la mainoise essaya de mettre au point tous les détails nécessaires. D'ici quelques jours, leurs pas les mèneraient en Anjou, duché de tous les excès, de tous les vices, des coups tordus et des esprits les plus vicieux. Quoi de mieux pour réaliser son plan que cette terre fertile.
Talonnant légèrement Tralala, Lynette arriva à la hauteur de sa chambrière, assise tranquillement dans la charrette aux côtés du garçon. Essayant de ne pas éveiller les soupçons, c'est d'une humeur joyeuse qu'elle lui demanda de s'installer sur son poney afin de faire route ensemble.
Ygerne ! J'ai quelque chose à mettre au point avec toi pour euh... cette nouvelle robe que je souhaite m'offrir !
Tiens, tu peux même monter Poneybouboule si tu veux, avec mon gros bide, on tiendra pas à deux sur Tralala.
Grand sourire, cheveux de Karyl ébouriffés et regard appuyé à la rouquine. Bon tu viens oui ?
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*Une Corleone peut en cacher plein d'autres*