Morgane

PSEUDO IG : Morgane

Je pourrais vous parler de mon enfance en Bretagne.
Je pourrais vous faire le récit de mes années passées contre mon gré à la Drasnie, au service du Prince Kheldar, grand bandit devant l’Eternel.
Je pourrais vous relater ma fuite, loin de l’Auberge des Plaisirs Interdits et de sa redoutable tenancière : Mirtaï, plus connue sous le nom de Mère Supérieure.
Je pourrais vous révéler cette marque au fer rouge sur mon épaule gauche et ces quelques mois passés dans les geôles du royaume ; mois qui me sauvèrent la vie, m’arrachant aux griffes de Platime le Terrible et de Stragen, coupe-jarrets du Roy des Roys.
Je pourrais vous raconter mon arrivée à Briançon, terre d’asile, dernière escale après ma cavale ? Arrivée tourmentée par la rencontre malheureuse de la mauvaise personne : sieur Saroutobi, possessif, jaloux, étouffant, émotionnellement et sentimentalement instable...
Je pourrais vous narrer mon mandat de Bourgmestre de Briançon en juillet 1456.
Je pourrais vous montrer cette autre cicatrice, dans les hautes chairs de mon biceps gauche, due à la lame qu’y plongea mon époux, pour nous sauver tous deux du plan diabolique de Thomas de Drasnie, dict la Gamberge.

Je pourrais… Oui, si nous nous croisions en taverne, j’en aurais, des choses à vous raconter.

Mais tout ce que vous avez réellement besoin de savoir, c’est que ma vie débuta vraiment par un beau mois de juin de l’an de Grasce 1455, quand dame Alwen, courtisée par les plus beaux mâles du village, se décida enfin à faire un choix : celui du sieur Hardryan, me laissant un Marcko des plus disponibles car visiblement déjà séduit.
Après des mois d’un amour grandissant, nous nous sommes épousés. Premières noces pour moi, secondes pour lui mais qu’importe, ce furent des noces inoubliables.

Voyez-vous ce petit sac de cuir que je porte à mon cou ? Il renferme les cendres de cette corde de jute qu’un officiant viking brûla après l’avoir nouée autour de nos deux poignets.

Le 15 mars de nostre an de Grasce 1456, nous avons donc été unis dans les flammes de la passion, ce brasier de désir qui nous consume depuis nos tous premiers échanges de regards.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et je porte en mon estre la descendance de Marcko. Que Grasce soit rendue à Aristote qui, dans sa grande bonté, a béni nostre union du bonheur d’avoir un enfant.

Ce petit bout de femme haute de 5.28 pieds et lourde de 112 livres à peine qui se tient face à vous ; oui oui, cette jeune personne à la chevelure aux longues boucles plus sombres que l'ébène encadrant un visage fin à la peau diaphane, délicate, aux yeux d'un bleu cristallin, pourtant insondables par qui ne la connait pas suffisamment, c’est bien moi : Morgane Kernoa, dicte Dark - épouse de Marcko de Maussac-Thézan.

Le Dimanche, dernier jour du onzième mois de nostre an de Grasce 1456, en Lyon la Rugissante, alors que nous entamons le voyage de noces que nous nous étions promis ; l'enfant me fait savoir qu'il a décidé de montrer le bout de son nez. Aidée d'une matrone et de son assistante, l'accouchement commence en d'atroces souffrances. Après des heures de travail, la phase d'explusion s'éternise en de longues minutes, auxquelles Emma ne survivra pas. Faut-il donc que je sois maudite pour que l'on me retire le droit d'estre mère ? Faut-il donc que je sois maudite pour que mon enfant n'ait droit à aucun souffle de vie ? Et ces douleurs qui n'en finissent pas... Qui me laminent le bas-ventre... Alors que les larmes roulent sur mes joues blafardes d'avoir perdu tant de sang, l'accoucheuse m'ordonne à nouveau de pousser. Je suis pourtant si épuisée... Mais je m'exécute tant bien que mal, et c'est une autre petite fille, qui fait son apparition... Margot... Telle un ange auquel on ne croyait plus...

Qui eut cru que Marcko serait finalement père... Qu'Aristote prenne soin d'Emma, et veille sur sa soeur vivante.

Suite à ce voyage de noces, nous nous installons à Sémur où je deviens :

- conseillère municipale aux viticulteurs et aux vignerons, branche qui me concerne puisque Marcko et moi-même avons entrepris de nous lancer dans la culture de la vigne et la production de vin de Bourgogne.

- chef-maréchale du village.