Odea

Béatrice de Fleuré dite Odea


Émelyne O’Dea arriva au Béarn tenant contre son sein une enfant. Seule et fière, malgré sa condition de fille mère, elle mena sa vie en regardant grandir sa fille Béatrice. Rapidement, Émelyne se fond dans la vie de la petite commune devenant un visage présent et apprécié de par son travail et sa volonté. Elle épouse Césaire de Fleuré, un Maître tisserand estimé qui la prend sous son aile ainsi que la petite Béatrice. Celle-ci traverse sa petite enfance et son enfance dans les rires; sous les regards aimants de ses parents.

À douze ans, Béatrice se retrouve en face de la mort en se drapant du deuil de sa mère bien-aimé. La douceur de l’enfance s’efface lui laissant entrevoir la douleur des réalités de la vie. Son père adoptif poursuit son éducation et la prend en apprentie dans son échoppe, ayant constaté ses talents certains pour le tissage et la couture. Elle est donc soumise à la rude formation de tisserand sous la supervision de Césaire et le voisinage de quelques autres compagnons.

Parmi eux, se trouve celui qui ouvrit la porte de ses émotions la faisant découvrir les instants enivrants de l'amour. Les mois passent sans que la jeune femme ne les voit s'écouler dans l'ombre d'une promesse au faîte de l'Oppidum. Pourtant, les cieux les plus bleus s'assombrissent et les amants séparés, la vie de Béatrice change du tout au tout... Quelques mois plus tard, elle met au monde une fille qu'elle prénomme Émelyne en souvenir de sa mère. Très peu de temps après, le deuil enveloppe de nouveau Béatrice qui perd son père adoptif, emporté par une longue maladie. C'est en écoulant les biens de l'homme qu'elle retrouve une lettre post-mortem de sa mère relatant son histoire d'amour avec son géniteur. L'âme en peine, Béatrice prend les routes avec sa fille afin de retrouver cet homme; Savaric del Borg.

S'il y a un voyage infiniment tortueux, c'est celui de la vie. C'est sur la route de celle-ci que Béatrice devient Odea, juxtaposant ses deux patronymes jusqu'à les perdre dans l'ombre de son prénom. Ainsi naît les plus étranges signatures.

Odea retrouve Savaric del Borg dans le Languedoc. Celui-ci l'accueil avec stupéfaction et froideur, mais se rend à l'évidence de sa paternité tant la ressemblance entre la mère et la fille est frappante. Odea se permet une halte dans les dédales de son destin, vivant auprès de la famille del Borg quelques temps, faisant connaissance avec sa demie-soeur Valerye. Le séjour au Languedoc s'écourte avec violence quand Émelyne succombe aux affres de la maladie. Alors que son petit corps est porté en terre, Odea serre les poings, remet sa besace en bandoulière et reprend les routes.

S’il y a un voyage infiniment douloureux, c’est celui de la solitude. Viens alors les longues années d’errance foulant les routes les plus sombres, s’abritant aux plus infâmes tanières, goûtant aux intempérances les plus abjects. Odea étourdit ses sens, violente son esprit et revêt son cœur d’une cuirasse amer, maudissant son existence. Malgré toute cette haine et cette affliction sans fin qui l’habitent, elle tente à quelques reprises de reprendre le contrôle de sa destiné en s’installant entre les murs de villes qui la verront repartir du même chemin qu’elle est venue…

Une lettre ranima en elle un espoir éteint. Et si la vie ne résidait que dans ce désir viscéral d’y croire ? Qu’importe les années, les possessions et les titres… Et si la vie n’était qu’une épreuve pour trouver la lumière ? Quelques mots sur un parchemin suffisent peut-être pour remonter vingt années de route, jusqu’au sommet de l’Oppidum.