Samsa

Samsa...

Une ambiguïté. Un dé à facettes. Une branche brisée. Une force et une faiblesse. Une caresse et une gifle. Un sourire et un mauvais regard. Un tout et un contraire...

Samsa ,c'est le genre de personne qui a vécu plusieurs vie en une seule fois. Trois vies exactement, chacune bien différentes, chacune existant grâce à un événement particulier, chacune laissant sa marque psychologique et physique sur elle...

Il y eut d'abord la vie, la vrai, la belle. Chinonaise, cultivatrice de Bêtises, Samsa rencontre une fille de Cambrai, Zyg. Elles deviennent colocataires et meilleures amies. Des sentiments s'affirment chez les deux amies, mais Samsa les réfute, peureuse, lâche. Elles déménagent à Bordeaux et Samsa construit alors une maison en bois, sur une colline dominant la capitale et dont on aperçoit l'océan au loin. Malheureusement, Zyg décède, et Samsa perd son amie, sa colocataire, sa soeur, son sourire, son rire... Son Amour... Le monde qui ne tournait alors autour que d'une seule personne s'écroule...

Deux mois s'écoulent, et elle n'est plus rien qu'une coquille vide, une pauvre ombre sans son modèle. Alors un jour, elle saute d'une falaise, espérant rejoindre celle qu'elle n'a jamais cessé d'aimer. Échec. Frustration. Colère. Incompréhension. Tendre caresse qui lui laissera une cicatrice sur le côté droit du front, filant vers sa tempe.

La belle vie est finie... Le Paradis s'effondre et l'Enfer se dresse, nouveau Royaume de Samsa.

La Brune, forcée de rester en vie par promesse, tente désespérement de se raccrocher au passé, tente de rester celle d'Avant. Il ne lui reste rien de la douce époque que son titre de cultivatrice de Bêtises. La voilà donc Samsa de la Culture de Bêtises, avec le blason qui va avec, à le défendre corps et âme, à s'y investir 24h/24, oubliant son malheur dans le bonheur qu'elle octroie aux autres. Elle rencontre Sidney, l'aime, et les voilà ensemble. Un an plus tard, bien qu'elle grimace à l'idée, Samsa est enceinte. Mais derrière le masque rose du sourire, du rire et de la Bêtise, s'en cache un autre bien plus sombre, noir comme la nuit. Samsa accuse le Très-Haut de son malheur et le hait sans discrétion. Hérétique, elle devient dangereuse, violente, colérique, lunatique voir bipolaire. Torturée, elle ne tarde pas à se scarifier, une seule et unique fois, symbolique; la cicatrice couvrant le dos et la paume de sa main gauche sera à jamais visible. A la limite de la schizophrénie, Samsa mène une vie en parallèle, une vie d'horreur, de violence, de haine, de torture, mais c'est pour elle la seule solution de ressentir un minimum de paix intérieure, et elle s'en contente.

Elle accouche à Chinon, et c'est tout sauf un hasard. Nolwenn et Gwenn, deux Rouquines, naissent. Les héritières de la culture de Bêtises. Mais rien ne dure, surtout pas des pansements sur une âme en lambeaux.

Et le peu que Samsa était parvenue à reconstruire s'écrase une nouvelle fois...

Alors de nouveau, Samsa change. La fatigue et le désespoir la prennent. Pourquoi espérer tant de choses ? Pourquoi se fatiguer à tant de choses ? Tout est mort, et les miracles ne sont visiblement pas pour elle... La haine qui avait duré des années s'apaise, la violence s'atténue, la Bêtise aussi... Car elle aussi se fane... Et Samsa s'assagie, tout simplement.

Elle quitte Sidney, trop absent, et ne tarde pas à se recaser avec une femme, car elle a appris que se cacher, refouler ses sentiments, ne mène à rien. Cultivatrice de Bêtises, elle ne l'est plus vraiment, préférant se présenter comme "Cerbère", surnom dont on l'a chargée après avoir remarqué qu'elle veillait et défendait avec véhémence ses proches. On ne l'avait jamais mieux surnommée.

Le temps passe et Samsa se stabilise dans cette nouvelle identité, faite de force et de droiture. Elle se jette corps et âme dans la défense de la Couronne française, convaincue que ses valeurs sont un idéal à poursuivre. Combattante renommée, elle se voit octroyer le poste de "Prime Secrétaire Royale" en 1463. Un poste qu'elle tient toujours aujourd'hui. Elle se fait un nom, Treiscan, dont le blason arbore Cerbère blanc sur fond noir, avec bordure componée de blanc et de bleue. Rapidement, elle se forge une renommée dans le royaume, celle d'une femme courageuse, droite et loyale. Et dans sa tête, désormais, une phrase résonne :

                                       "And the world's gonna know your name"